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commerciales. Les monnaies métalliques qui jouissent du cours légal, lorsque leur valeur nominale excède la valeur de la matière dont elles sont faites, ont en même temps cours forcé. Rappelons cependant que dans certains pays, on peut convertir le billon en monnaie pleine, lorsqu’on en a réuni une certaine quantité.

Les monnaies fiduciaires sans cours forcé sont donc surtout des monnaies de papier. Nous avons vu qu’il y avait plusieurs sortes de monnaies de papier qui doivent être rangées dans celle catégorie. Les certificats d’or et d’argent des États-Unis appartiennent à une de ces sortes, puisque, loin d’avoir cours forcé, ils n’ont même pas cours légal — les caisses publiques seules sont obligées de les recevoir — ; nous savons qu’ils sont délivrés contre dépôt de monnaies d’or et d’argent, et qu’ainsi ils constituent proprement, et dans toute la force du terme, une monnaie représentative. Les greenbacks qui circulent également aux États-Unis peuvent être pris comme types d’une autre espèce : ce sont des billets d’État émis pendant la guerre de Sécession, et qui, à l’origine, avaient cours forcé ; le cours forcé ayant été aboli, ces billets ont continué à avoir cours légal, avec toutefois quelques restrictions[1]. Mais les plus importantes de beaucoup des monnaies de papier sans cours forcé sont les billets de banque — pour autant, bien en tendu, qu’ils sont convertibles — .

251. Le billet de banque : son origine et sa nature. — L’origine première des billets de banque doit être cherchée dans des certificats que les banques, il y a longtemps, délivraient à ceux qui mettaient des espèces en dépôt chez elles. Les particuliers trouvaient divers avantages à se faire donner de ces certificats contre remise de leurs espèces, et à les faire circuler : qu’on pense, notamment, à la simplification qui résultait de là pour les règlements de comptes, dans une époque où les monnaies étaient si nombreuses, et leur valeur si instable. Quand les billets de banque eurent commencé à être employés comme une monnaie, les banques eurent naturellement l’idée d’en émettre à l’occasion de certaines opérations de crédit : elles escomptèrent avec des billets les effets de commerce, elles firent des prêts mobiliers avec des billets, au lieu de les faire avec des monnaies métalliques. L’émission des billets ainsi pratiquée permettait aux banques d’étendre leurs opérations, elle représentait comme un accroissement de leur capital qui ne leur coûtait rien, ou à peu près rien.

Pendant longtemps, l’émission des billets de banque se fit surtout à l’occasion de l’escompte du papier de commerce. Mais aujourd’hui l’escompte ne donne plus lieu nécessairement, dans les banques d’émission, à une émission de billets. Il a souvent pour suite l’inscription su compte courant, côté du crédit, d’une somme dont il sera disposé plus tard par un vi-

  1. Voir sur ces monnaies de papier des États-Unis Arnauné, La monnaie, 3e partie, chap. 1, § 1. iii.