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vraiment démonstrative ; et pour ce qui est de l’expérimentation, elle est ici impraticable.

En somme, il n’y a pas à attendre que l’économique soit jamais bouleversée par de grandes découvertes, ni que ses progrès deviennent jamais très rapides. Il y a cependant pour elle beaucoup de progrès à faire. Et l’on doit avoir confiance dans son avenir : car l’attention ne peut pas manquer de se porter toujours davantage sur les questions économiques.

Considérons le particulier préoccupé de ses intérêts. Ceux-ci, en tant qu’ils sont liés à l’activité économique de ce particulier, ne sont pas si aisés à connaître, s’ils sont engagés dans de certaines grandes affaires. Les directeurs, par exemple, d’une entreprise de transports risquent, sinon de commettre de grosses erreurs, du moins de ne pas réaliser le maximum de gain s’ils n’ont pas étudié les questions théoriques, très complexes et très difficiles, qui se rapportent aux prix.

Nos intérêts économiques ne sont pas liés seulement à notre activité économique propre. Ils sont liés aussi à l’organisation sociale ; ils peuvent être servis ou lésés par ces mesures législatives qui viennent modifier l’ordre existant. Et l’on sait que les interventions législatives dans l’ordre économique, depuis quelque temps, sont de plus en plus fréquentes. Or celui qui veut savoir ce qui doit résulter de telle réforme projetée, dans quel sens il doit orienter son action politique, celui-là devra acquérir une forte culture économique : trop heureux si l’état actuel de la science économique lui permet de donner une réponse certaine aux questions qui se posent devant lui.

L’économique ne fournit pas seulement des lumières à l’économie privée ; elle nous éclaire aussi sur les intérêts de la nation et sur les intérêts de la collectivité humaine. Il importe à tout pays que sa politique commerciale soit guidée par une vue juste de ses intérêts : et cette vue juste ne peut procéder que d’une étude approfondie de l’économique. C’est à l’économique, d’autre part, de nous apprendre s’il est permis d’attendre de bons résultats de telle extension de la législation protectrice du travail ou des services industriels de l’État ; c’est à elle qu’il appartient de résoudre les problèmes dits sociaux, si graves, et qui deviennent chaque jour plus urgents, à mesure que le nombre devient plus grand de ceux qui demandent des changements profonds dans l’ordre établi, et que se font plus instantes leurs réclamations. Tout cela est pour nous faire augurer favorablement de son développement futur.