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Le succès de la réforme monétaire dans l’Inde — cette réforme a eu pour effej de donner une stabilité relative au change — a encouragé plusieurs pays de l’Extrême-Orient et de l’Amérique à passer au monométallisme-or, ou à un régime voisin. Le Japon a adopté l’étalon d’or, comme on dit, en 1897. Aux Philippines, la frappe libre de l’argent a été abolie en 1903 ; elle a été abolie en 1904 au Mexique — seulement il arrive, dans ces deux pays, que le cours de l’argent s’étant relevé depuis qu’on y a stabilisé la valeur de la monnaie d’argent, celle-ci s’exporte et est remplacée par de l’or : et l’on est obligé de prendre des mesures pour remédier à ce mal —. Il n’est pas jusqu’à la Chine où des projets de réforme monétaire ne soient agités[1].

Ainsi le monométallisme-or a vaincu, ou parait devoir vaincre partout. Dès lors la question du bimétallisme ou du monométallisme se trouve avoir perdu presque toute son importance pratique. Il vaudrait peut-être mieux — ce n’est qu’une hypothèse que nous faisons — que l’on eût, au lieu du monométallisme quasiment universel, le bimétallisme uni versel. Mais l’adoption de ce bimétallisme universel se heurterait à dps difficultés trè« grandes. Quel rapport fixerait-on entre l’or et l’argent ? Il faudrait que ce fut un rapport voisin autant que possible de celui qui existe aujourd’hui sur le marché : car si l’on adoptait un rapport trop petit, il serait frappé de la monnaie d’argent en trop grande quantité ; et la valeur de la monnaie en serait considérablement abaissée. Mais si on se tient près du rapport marchand des deux métaux, certains pays auront à supporter une perte énorme : qu’on pense, par exemple, à la perle que la France devrait supporter, si toute sa monnaie d’argent su bissait une dépréciation qui, d’après les cours actuels de l’argent, serait encore de moitié environ !

III. — Monnaies fiduciaires et substituts de la monnaie

1. Les monnaies fiduciaires à cours forcé.

246. Les monnaies fiduciaires en général. — Si on veut entendre l’expression « monnaie fiduciaire i dans un sens large, le concept de monnaie fiduciaire sera identique au concept de monnaie fictive, que nous avons déjà rencontré. On appellera donc monnaies fiduciaires toutes ces monnaies qui valent plus que la matière dont elles sont faites. Pour qu’une monnaie, en effet, soit reçue pour une valeur supérieure à celle de sa matière, il faut qu’on ait confiance en elle.


    or. Voir ce qu’il dit de ce régime dans son livre Monnaie et banque, liv. III, chap. 6-7 (trad. fr., t. I).

  1. Voir Raffalovich, Le marché financier, 1906-1907, chap. 12, passim.