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un temps, de recevoir plus en donnant moins. Le pays bimétalliste, ainsi, récupérera soit une partie, soit même la totalité de la perte qu’il avait subie dans la période où l’argent baissait.

Nous avons mis en présence, dans ce qui précède, des pays bimétallistes et des pays monométallistes. Il est intéressant de se demander, aussi, ce qui se passera quand des pays ayant un régime monométallisme-argent se trouveront en relations avec des pays monométallistes-or : l’hypothèse est intéressante, parce que le cas qu’elle pose est un cas réel, et que l’on discute beaucoup aujourd’hui. Ce problème nouveau, au reste, doit être traité par la même méthode que nous avons employée ci-dessus. Considérons un pays monométalliste-argent, et supposons que la valeur de l’argent par rapport à l’or baisse. Pour avoir la même quantité de marchandises, ce pays devra donner aux pays monométallistes-or une plus grande quantité d’argent ; ses importations diminueront, cependant que ses exportations, au contraire, seront accrues. Il souffrira donc un dommage, lequel cessera lorsque, notre pays ayant reçu une certaine quantité d’argent et les prix s’y étant élevés, l’équilibre monétaire se trouvera rétabli. Que si, au contraire, la valeur de l’argent par rapport à l’or venait à monter, les pays monométallistes-argent se trouveraient en situation, pour un temps, d’obtenir davantage en donnant moins : ils réaliseraient un profit au détriment des pays monométallistes-or.

4. Le triomphe du monométallisme-or[1].

245. — La question du bimétallisme et du monométallisme, dans la pratique, est résolue de plus en plus en faveur du monométallisme-or. Ce triomphe général du monométallisme-or s’explique en partie par les inconvénients réels que le bimétallisme et le monométallisme-argent présentaient — ou présentent — pour les pays où ces régimes étaient — ou sont — en vigueur, et en partie aussi par le fait que les États mettent une sorte de point d’honneur à prendre comme base de leur système monétaire le plus apprécié des deux métaux entre lesquels la question se pose.

C’est l’Angleterre qui la première a adopté le régime du monométallisme-or. Elle avait, avant 1663, des monnaies d’or et d’argent avec un rapport légal entre elles. En 1663, on y établit le régime des étalons parallèles, avec — 3 ans après — la frappe libre pour les deux métaux ; puis en 1695, on fixa de nouveau un certain rapport entre les deux monnaies. Dans le cours du XVIIIe siècle, il arriva que la valeur de l’argent

  1. Voir Philippovich, Grundriss, 1re partie. § 99, Arnauné, La monnaie, 2e partie, passim, Conant, Monnaie et banque, liv. III, chap. 3 (trad. fr., t. I), Helderich, Das Geld, I, chap. 5, 6.