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2° D’autre part, le régime bimétalliste peut causer, pour les pays où il est en vigueur, une déperdition de richesses au profit des pays monométallistes.

Pour ce qui est de ce point, toutefois, il importe de voir que la déperdition en question ne sera pas, comme ou incline à croire quelquefois, indéfinie ; et il importe de voir aussi qu’elle ne sera pas nécessairement définitive.

Soit un pays bimétalliste qui a adopté pour ses monnaies le rapport 1 à 15, 5. Le rapport de l’argent à l’or, dans les pays monométallistes, devient plus petit que ce rapport 1 à 15, 5. Comme nous l’avons vu, notre pays bimétalliste perdra sa monnaie d’or. Mais alors, n’ayant plus que de la monnaie d’argent, ce pays devra payer plus cher les marchandises qu’il • voudra acheter aux pays monométallistes : là où il lui suffisait de donner 100 pièces d’argent, il lui en faudra donner 150 ou 200. Les pays mono métallistes, au contraire, achèteront moins cher : ils auront à donner moins d’or pour avoir les mêmes [Marchandises. Les importations du pays bimétalliste seront donc contrariées ; ses exportations seront favorisées. Seulement, cela ne durera pas indéfiniment. Achetant moins, vendant davantage, notre pays verra son stock monétaire — qui est fait de monnaie d’argent — s’accroître ; les prix s’y élèveront progressivement : et cette hausse deviendra telle, à la fin, que l’équilibre monétaire, momentanément troublé par le changement du rapport des métaux, se rétablira entre ces pays que nous considérons. En somme, le pays bimétalliste aura été appauvri, puisqu’il aura importé moins et exporté plus ; mais une fois l’équilibre monétaire rétabli, il sera désormais, par rapport aux pays monométallistes, dans la même situation où il eût été été s’il avait eu toujours, lui aussi, un régime monométalliste.

De la même façon, si un pays bimétalliste a des dettes envers des pays monométallistes-or dont il doive payer les intérêts ou qu’il doive rembourser en or, et que le rapport de l’argent à l’or devienne plus petit que celui qu’il a adopté, ce pays bimétalliste subira une perte de ce chef, mais seulement aussi longtemps que l’équilibre monétaire ne se sera pas rétabli entre lui et les pays monométallistes.

Supposons maintenant que, l’équilibre monétaire ayant été rétabli dans les conditions indiquées ci-dessus, l’argent vienne à monter relativement à l’or. Notre pays bimétalliste sera en état, avec la même quantité d’argent, d’acheter plus de marchandises dans les pays monométallistes ; ses importations seront accrues, ses exportations, d’autre part, seront diminuées, jusqu’à ce que, son stock monétaire s’étant réduit et les prix ayant baissé chez lui, on arrive à nouveau à l’équilibre monétaire. Cette fois, la rupture momentanée de cet équilibre aura été, d’une certaine façon, profitable au pays bimétalliste, puisqu’elle lui aura permis, pendant