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tionales étaient peu développées, et ainsi le retentissement était moins grand, et moins rapide, des phénomènes économiques qui pouvaient se produire dans tel ou tel pays sur la circulation monétaire de tel autre pays.

2° En deuxième lieu, presque partout, une certaine monnaie — la monnaie d’argent — servait à effectuer la plupart des échanges ; l’autre monnaie — la monnaie d’or — était beaucoup moins abondante ; ainsi l’exportation de l’or, qui est parfois une conséquence du bimétallisme, ne pouvait avoir de sérieux inconvénients ; et d’autre part, on n’avait guère à craindre que le bimétallisme causât, dans un pays, une disparition complète de l’argent : la masse des espèces d’argent était si forte, relativement, que l’exportation d’une partie de ces espèces — lorsque le rapport de valeur de l’argent à l’or devenait plus grand que le rapport légal — devait suffire souvent pour modifier le rapport marchand des métaux, et pour rétablir l’identité de ce rapport avec le rapport légal des monnaies.

3° Il y a mieux à dire que tout cela : et c’est que le bimétallisme et le monométallisme n’apparaissent, dans l’histoire, qu’à une date relativement récente. Jadis, comme nous l’avons vu, il arrivait souvent qu’il n’était pas tenu compte du rapport légal des monnaies ; les fluctuations des métaux réglaient donc, dans une très grande mesure, la valeur relative des deux monnaies, et de la sorte empêchaient cette exportation de l’une ou de l’autre qui, dans l’époque contemporaine, devait apparaître comme le résultat souvent nécessaire du régime bimétalliste. Ou bien, si le rapport légal des monnaies était respecté, les particuliers n’avaient pas le droit de faire frapper de la monnaie : on avait ainsi un régime différent du régime bimétalliste, et dans lequel il était possible jusqu’à un certain point — par exemple en réglant la frappe de l’un et de l’autre métal — d’empêcher ces phénomènes qui dans le régime bimétalliste sont inéluctables.

242. L’objet de la discussion. — On ne s’étonnera donc pas que jus qu’à l’époque contemporaine les économistes se soient peu intéressés à la question du bimétallisme et du monométallisme, ou môme qu’ils l’aient ignorée. Cette question devait, au contraire, faire l’objet de controverses prolongées et très vives dans la deuxième moitié du xix" siècle. Les économistes, au reste, qui ont pris part à ces controverses, n’ont pas discuté dans tonte son ampleur, à l’ordinaire, le problème dont le bimétallisme et le monométallisme sont des solutions. Préoccupés surtout d’arriver promptement à des conclusions pratiques, ils n’ont guère pris en considération, pour la plupart, que ces régimes qu’ils voyaient fonctionner ; ils ont môme laissé de côté le monométallisme-argent, si bien qu’on peut les classer presque tous dans les deux groupes suivants : les partisans du bimétallisme et ceux du monométallisme-or.

Imaginons donc que nous ayons à choisir entre le bimétallisme et le