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d’après les divisions usuelles du poids fondamental : ainsi les Romains à l’origine comptaient par as et par onces ; l’as correspondait à la livre, et l’once était le douzième de l’as. Les divisions du poids fondamental, toutefois, étaient en bien des endroits très compliquées ; on sentit le besoin de constituer des systèmes de monnaies plus pratiques. Les systèmes qui se créèrent ainsi eurent souvent pour base les chiffres 4 et 12, qui conviennent pour le petit commerce. Aujourd’hui c’est un système décimal que l’on trouve dans la plupart des pays : les monnaies y sont dans les rapports de 1 à 2, à 5, à 10, etc. ; ce système décimal a l’avantage de faciliter les comptes et les calculs écrits.

L’or et l’argent, quand on en fait des monnaies, ne sont pas employés à l’état pur : on a jugé nécessaire de les allier avec le cuivre, pour donner plus de dureté aux pièces, et par là diminuer le frai. La proportion de l’or et de l’argent dans les monnaies, le titre des monnaies, comme l’on dit, varie parfois d’un pays à l’autre, et dans un môme pays peut n’être pas le même pour toutes les pièces. En France, le titre des pièces d’or et des pièces d’argent de S francs est 0,9 ; le litre des pièces d’argent divisionnaires, qui était jadis de 0,9 également, a été abaissé à 0,835 par des lois de 1864 et 1866, afin de mettre obstacle à l’exportation de ces monnaies, exportation que provoquait à ce moment la prime de l’argent.

Il y a deux façons de donner aux monnaies leur titre, et de déterminer leurs poids. On peut fixer le poids qu’auront les pièces, et pour atteindre ce poids allier les métaux qui doivent y entrer selon le litre adopté. On peut aussi fixer non plus le poids lourd, mais le poids net des pièces, c’est-à- dire le poids du métal fin qui y entrera. La première méthode, qui crée une monnaie plus commode, est celle par exemple de la France ; la deuxième, qui est en un sens plus rationnelle, est celle de l’Allemagne.

Dans la fabrication des monnaies[1], on ne peut pas obtenir avec une précision mathématique le poids et le titre fixés par la loi. Il existe donc une tolérance, qui varie selon les pièces. En France, la tolérance de titre est de 1 millième au-dessus et au-dessous pour les pièces d’or, de 2 millièmes pour les pièces d’argent de 5 francs, et de 3 millièmes pour les pièces d’argent divisionnaires ; la tolérance de poids va de 1 millième pour les pièces d’or de 100 et de 50 francs jusqu’à 10 millièmes pour les pièces d’argent de 20 centimes.

Les monnaies métalliques sont sujettes à s’user par le frottement ou frai. Cette perte graduelle qu’elles subissent varie avec l’intensité de la circulation, avec le titre des monnaies, avec leurs dimensions, avec le relief plus ou moins accusé de l’empreinte qu’elles portent. On l’a évaluée à 350 millionièmes du poids par an pour le souverain anglais ; elle serait

  1. Sur la fabrication des monnaies en France, consulter Arnauné, la monnaie, 2e partie, chap. 2, § 3, de Foville, La monnaie, 2e partie.