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Une question importante est celle de l’emploi que les caisses d’épargne privées font de leurs dépôts et de leur fortune. En France, la loi de 1835 leur imposait de verser tous leurs fonds au Trésor ; une loi de 1895 leur permet de disposer librement, non pas de leurs dépôts, mais du cinquième de leur fortune personnelle et de la totalité de leurs revenus. La fortune des caisses, à la fin de 1904, était de 160, 9 millions, dont 75, 6 confiés a la Caisse des dépôts et consignations, 31, 8 placés en rentes, 8, 60 en valeurs garanties par l’État, etc., 39, 3 en immeubles, 2, 3 eu habitations à bon marché construites par les caisses, 1 en prêts hypothécaires pour la construction de maisons à bon marché, et 1,1 en autres valeurs locales. Les caisses d’épargne allemandes ont plus de liberté pour l’emploi de leurs fonds, et plus de hardiesse : en. Prusse, en 1900, 33, 48 % des capitaux étaient placés en hypothèques urbaines et 24, 88 °/0 en hypothèques rurales (1).

IX. — L’assurance

1. L’assurance en général (2).

211. Sa nature et son utilité. — L’assurance est une opération par laquelle une personne se décharge sur une autre d’un risque d’ordre économique auquel elle est exposée. Celte formule, toutefois, ne constitue pas une définition suffisamment précise ; elle ne distingue pas l’assurance de telles autres opérations avec lesquelles il importe de ne pas la con fondre. Il y faut ajouter que lorsqu’une personne s’assure, l’opération porte uniquement sur le risque dont cette personne veut se débarrasser. Considérons un fabricant qui, redoutant des fluctuations de prix pour une marchandise qu’il est en train de produire, vend cette marchandise à terme. Celte opération est, sous le rapport du mobile qui y détermine notre fabricant, du même genre qu’une opération d’assurance. Elle n’est point ce pendant une opération d’assurance ; car le fabricant qui la conclut, en même temps qu’il se décharge d’un risque, fait une vente.

Nous avons considéré l’assurance, dans ce qui précède, du point de vue de l’assuré. Pour ce qui est de l’assureur, ce qui le décide à contracter avec l’autre, c’est à l’ordinaire l’estimation différente qu’il fait du risque ; et cette estimation peut être différente, soit au point de vue mathéma-

D’après l’Annuaire statistique de 1905, p. 280, et Schmoller, ouvrage cité.

Il y a lieu de recommander la lecture, sur ce sujet, de l’excellente étude de Wagner, Versicherungswesen, parue dans le Handbuch de Schônberg, 2e partie, t II. Sur tout l’ensemble de la question des assurances, on trouvera une bibliogra phie abondante dans le Grundriss de Schmoller, en tête du § 213 (trad. fr., t. IV).