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Commençons par l’Angleterre. Elle a été pendant très longtemps la terre classique de l’économique. Aujourd’hui encore ce sont les méthodes et les tendances de l’époque de Ricardo et de Mill qui y dominent. Les plus éminents des économistes anglais contemporains[1] ne prétendent pas à autre chose qu’à mettre au point les théories de leurs illustres prédécesseurs, en y introduisant ces précisions, ces compléments, ou quelquefois ces corrections que rendent nécessaires les travaux récemment publiés.

Parmi les économistes anglais de ces quarante dernières années, une place à part doit être donnée à Jevons ; celui-ci, dans sa Theory of political economy (1871) et dans ses autres ouvrages, a insisté beaucoup sur l’origine psychologique des faits économiques ; et en même temps, il essayait de soumettre ces faits à un traitement mathématique. La grande clarté, la précision et la vigueur de son esprit ont assuré à ses écrits un grand succès. Jevons, ainsi, a été le propagateur, pour les pays de langue anglaise, d’idées et de méthodes qui parfois avaient eu des partisans avant lui, ou que d’autres, dans d’autres pays, soutenaient en même temps que lui. Jevons a eu pour continuateur Marshall, auteur informé et subtil, qui a fait un emploi particulièrement heureux, dans ses ouvrages, de ce que l’on appelle parfois la méthode géométrique.

À la suite de l’Angleterre, il faut mettre la Hollande, où les ouvrages de Pierson sont à citer, et les États-Unis aussi, bien que dans ce pays d’assez nombreux travaux puissent être rattachés, au moins en partie, aux travaux de l’école autrichienne, et que quelques auteurs américains suivent les directions indiquées par certains maîtres allemands. La production économique, depuis quelques années surtout, est devenue très abondante aux États-Unis, en raison du développement considérable de l’enseignement supérieur dans ce pays, et des grandes ressources dont les administrations, les universités ou les associations scientifiques disposent pour l’impression des travaux de toutes sortes. Cette production, nécessairement, est assez inégale. Mais ce sont des ouvrages très distingués que ceux d’auteurs comme Clark, Fisher et Carver.

C’est l’Allemagne à coup sûr, entre tous les pays, qui peut se flatter d’avoir produit, dans ces derniers temps, la quantité la plus imposante de publications économiques. Les travaux allemands, en économique comme ailleurs, forment une masse énorme, et qui par là commande le respect. Veut-on s’instruire des faits ? Qu’il s’agisse de l’histoire de l’économie, ou de celle de l’économique, c’est presque toujours aux Allemands qu’on devra s’adresser d’abord : on est assuré de trouver chez eux une grande abondance de renseignements. L’application minutieuse, la patience dans la recherche sont des vertus qu’ils poussent au plus haut degré ; et il faut les

  1. Marshall par exemple (voir ses Principles, Préface de la 1e éd. ; trad. fr., t. I)