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Delitzsch, ainsi nommées du nom de l’homme qui, vers 1850, créa les premières. Ces sociétés établissent une solidarité illimitée entre leurs membres ; elles prêtent à ceux-ci moyennant un intérêt relativement élevé, et répartissent les bénéfices entre les sociétaires au prorata de leurs actions ; certaines d’entre elles d’ailleurs, ayant beaucoup prospéré, ont perdu dans une certaine mesure le caractère purement coopératif qu’elles avaient au début. Les sociétés Schulze-Delitzsch sont groupées, pour la plupart, en fédérations, dont une seule réunissait, à la fin de 1903, 960 sociétés, avec 542.000 membres, un capital social de 187 millions de francs, un fonds de réserve de 71 millions et un capital emprunté de 922 millions ; cette grande fédération, dans cette année 1903, avait fait 3. 115 millions de prêts.

À côté des sociétés Schulze-Delitzsch, il y a encore, en Allemagne, des sociétés coopératives de crédit qui ont été créées spécialement pour les agriculteurs : les sociétés Raiffeisen, les sociétés Haas, d’autres encore ; ces diverses sociétés réunies faisaient, en 1904, pour 1,3 milliard de prêts à leurs membres. Elles demandent à leurs sociétaires une souscription moins élevée que les sociétés Schulze-Delitzsch — les parts des caisses Raiffeisen ne sont, à l’ordinaire, que de 10 marks — , et prêtent à petit intérêt.

Au total, il y avait dans l’Allemagne, en 1904, 13.700 sociétés coopéra tives de crédit, groupant plus de 1.800.000 membres, et disposant de 2.570 millions de francs de capitaux — dont 2.300 empruntés — , aveu les quels elles font annuellement à leurs membres le double ou le triple de prêts. Ce mouvement est favorisé, d’ailleurs, par les États ; l’État prussien, entre autres, a créé en 1895 une Caisse centrale des associations coopératives ; dotée aujourd’hui de 70 millions de marks, cette caisse donne du crédit aux caisses régionales qui se sont fondées, lesquelles en donnent, à leur tour, aux sociétés ; son chiffre d’affaires s’est élevé de 141 millions de marks en 1895 à 5.862 millions en 1901.

En Autriche, il y aurait quelque 5.000 caisses de crédit, dont 1.500 de type Schulze-Delitzsch, comptant à elles seules 924.000 adhérents et ayant donné, en 1900, pour 820 millions de francs de crédit. En Italie, il y avait, en 1898, 700 banques populaires, sur lesquelles 594 comptaient près de 400.000 membres et faisaient pour plus de 800 millions de francs de prêts et d’escomptes.

En France, il y a des banques populaires, mais qui sont peu importantes. On comptait en revanche, en 1904, 1.700 sociétés de crédit agricole, créées, en grande partie, par les syndicats agricoles, qui groupaient 70.006 adhérents. Au moment du dernier renouvellement du privilège de la Banque de France, en 1897, il a été décidé que cet établissement mettrait gratuitement a la disposition des sociétés de crédit agricole, par l’intermédiaire de caisses régionales qui devaient se fonder, une somme de 4>8 millions, et