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sommes pas proprement ici en présence d’une institution de crédit mobilier. En fait d’institutions de ce genre, il n’y a guère à citer que les monts-de-piété.

Les monts-de-piété (1) sont nés en Italie, comme l’indique leur nom, qui vient de l’italien monte, banque. Les premiers ont été fondés dans la lin du xv" siècle. Aujourd’hui encore, c’est en Italie qu’ils ont le plus d’importance ; et ils offrent ce caractère, dans ce pays, de ne passe borner aux prêts sur gages ; ils y font aussi, assez souvent, des opérations de banque, toujours, à la vérité, dans un esprit de philanthropie. Partout ailleurs, en France par exemple et en Allemagne, les monts-de-piété fonctionnent exclusivement dans l’intérêt de ceux que des circonstances passagères ont plongés dans la détresse, et que les préteurs sur gages professionnels exploitent cruellement. Dans l’année 1904, pour les monts-de-piété de France, le montant des engagements a été de 71 millions, celui des dégagements de 03, celui des renouvellements de 40 ; on a vendu les gages de quelque 5,6 millions de prêts. 11 est à remarquer que sur les 71 millions prêtés, plus de 7,5 millions ont été prêtés sur des titres valant en moyenne 244 francs, qu’en 1903, près de 28 millions ont été avancés sur des gages valant plus de 100 francs, et 10,2 millions sur des gages estimés au-des sus de 1.000 francs (2) : ceci indique — surtout ai l’on considère que la même personne peut déposer en gage plusieurs articles — que nos monts-de-piété ne prêtent point seulement à ceux qu’ils se proposent de secourir.

209. Crédit personnel. — C’est sous la forme coopérative que le crédit personnel s’est organisé pour tous ceux-là — petits industriels, petits commerçants, petits agriculteurs, etc. — qui ne sauraient être pour les banques ordinaires des clients réguliers, ou pour qui il est particulièrement important de trouver un crédit moins cher que celui de ces banques. Nous avons parlé déjà de ces coopératives populaires de crédit quand, traitant de la concentration de la production, nous examinions les moyens dont les petites entreprises disposent pour se défendre contre la concurrence des grandes. Rappelons quelques-unes des indications que nous avons données à ce moment, et complétons-les par quelques autres.

C’est en Allemagne que le crédit coopératif s’est le plus développé. Il y a tout d’abord, dans ce pays, des sociétés coopératives de crédit où industriels, commerçants, agriculteurs, etc. sont réunis : ce sont les sociétés Schulze-

Voir sur les monts-de-piété Schmoller, Grundriss, § 200 (trad. tr., t. III), et Gide, Économie sociale, chap. 3, m, 2.

Cf. l’Annuaire statistique de 1904, pp. 86 et 26", et celui de 1905, pp. 98 et 26*.

Sur le crédit coopératif consulter Bourguin, Les systèmes socialistes, chap. 14, ii et Annexe 6, et Gide, Économie sociale, chap. 4, II, § 3 et m, g 3 ; voir encore Schmoller, Grundriss, § 201.