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de crédit. En adoptant les façons de voir de nos capitalistes, en travaillant à développer les tendances naturelles à ceux-ci, ces hommes, qui ont, peut-on dire, l’administration d’une portion importante de la fortune nationale, assument une part importante de responsabilité dans un état de choses à coup sur très fâcheux pour notre pays.

Disons quelques mots, maintenant, des banques anglaises et américaines.

En Angleterre, comme en France et en Allemagne, la caractéristique de l’évolution contemporaine de l’industrie de la banque est une concentration croissante. Il y avait en 1864, dans ce pays, en dehors de la Banque d’Angleterre et de ses succursales, 278 banques privées et 117 joint-stock-banks ; il ne restait, en 1900, que 53 banques privées, et le nombre des joint-stock-banks descendait, à la date de 1905, à 62. À Londres, les banques — si l’on met à part les banques coloniales — étaient 38 en 1905, au lieu de 115 en 1885. Le total du capital versé des joint-stock-banks s’élevait, en 1905, à 79,4 millions de livres, à quoi il faut ajouter un peu plus d’une cinquantaine de millions de réserves. Les dépôts et comptes courants de ces banques atteignaient, à la fin de 1904, le chiffre formidable de 840 ou 850 millions de livres[1] ; il est vrai que dans l’évaluation de ces dépôts, on fait entrer en compte des litres et des effets que les clients confient aux banques en grande quantité, tandis que dans les autres pays les dépôts consistent presque exclusivement en argent. Les banques par actions anglaises, au reste, sont essentiellement des banques de dépôt. Pour les affaires quelque peu aléatoires, pour le lancement des emprunts d’États et des entreprises, etc., il y a certaines banques privées — les établissements des merchants — , il y a des financial companies, des trusts, sans parler des banques coloniales, et de certaines banques étrangères — allemandes et françaises — qui déploient, sur le marché anglais, une grande activité.

Aux États-Unis, il y avait au 31 octobre 1900 6.225 banques « nationales — c’est-à-dire soumises à la loi fédérale — avec un capital autorisé de 845 millions de dollars. Les réserves et bénéfices reportés se montent, pour l’ensemble, à quelque 63 % du capital. C’est à New-York que se trouvent la plupart des grandes banques des États-Unis : en 1902, les 45 banques nationales de New- York avaient 414 millions de dollars de dépôts d’autres banques ; et en 1904, ces banques de New-York ont eu en dépôt jusqu’à 1.224 millions de dollars[2].

L’industrie de la banque se concentre aux États-Unis comme dans les

  1. Ces divers chiffres, d’après Depitre, ouvrage cité, pp. 2-4 ; voir encore, sur le» banques anglaises, Schmoller, Grundriss, § 197.
  2. Cf. Depitre, ouvrage cité, pp. 4-6, Raffalovich, Le marché financier, 1905-1906, p. 719, et l’Annual report of the controller of the currency pour 1906, p. 16. Voir encore Conant, Monnaie et banque, liv. V, chap. 2, pp. 216 et suiv. (trad. fr., t. II).