Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/391

Cette page n’a pas encore été corrigée

agences et succursales ; les huit principales banques allemandes, cependant, n’avaient en tout que 216 agences, caisses de dépôt et liliales : et on notera que les filiales des banques allemandes, souvent, sont de petites banques que les grandes sociétés ont absorbées. Les grandes banques d’Allemagne, jusqu’ici, plutôt que de créer de véritables succursales ont préféré commanditer les banques de moindre importance, les banques locales, ou participer aux affaires de celles-ci.

Aujourd’hui, il ne reste plus en Allemagne qu’un petit nombre de banques vraiment indépendantes. La plupart se rattachent d’une manière ou de l’autre à un groupe placé sous le contrôle d’une grande banque berlinoise. On a ainsi quatre groupes de banques, celui de la Deutsche Bank, celui de la Discontogesellschaft, celui de la Dresdner Bank, et enfin le groupe — sensiblement moins considérable que les précédents — de la Darmstädter Bank. Ces groupes d’ailleurs — comme les sociétés françaises dont nous parlions tantôt — ne se font point la guerre entre eux : bien au contraire, on les voit sans cesse former des consortia — à deux, à trois ou à quatre — pour partager ensemble les bénéfices de certaines affaires particulièrement grosses.

Voici quelques indications sur le montant des opérations faites en 1904 par les 129 banques allemandes de crédit ayant publié leur bilan. Ces banques avaient un capital de 2.066 millions de marks, et 448 millions de réserves. La somme des dépôts était de 1.565 millions de marks, et celle des comptes créditeurs de 2.790 — au lieu de 250 et 498 en 1883 - , alors que pour les cinq grandes banques françaises de crédit les chiffres correspondants, au 31 décembre 1904, étaient 1.869 millions de francs et 1.787. Le portefeuille commercial était de 1.773,7 millions de marks — au lieu de 453,3 en 1883 —, contre 2.318,7 millions de francs pour les cinq grandes banques françaises. Les prêts sur titres s’élevaient à 773 millions de marks. Les crédits en comptes courants se montaient à 2.996 millions de marks, dont 1.399 millions de marks pour les crédits par acceptation. En 1900, plus de 31 % des crédits accordés étaient des crédits à découvert.

Si nous voulons comparer la politique des banques allemandes avec celle des banques françaises, ce que nous remarquerons d’abord, c’est la hardiesse beaucoup plus grande dont celles-là font preuve. Cette hardiesse se manifeste par la proportion bien supérieure des crédits à découvert ; elle se manifeste par la durée plus longue des crédits accordés ; elle apparaît encore dans ce fait qu’au 31 décembre 1903, pour les neuf plus grandes banques de crédit allemandes, le rapport de l’actif réalisable — dépôts et comptes courants créditeurs — au passif était de 42 %, alors que pour les trois plus grands établissements français ce rapport était de 70 %[1].

  1. Cf. Raffalovich, Le marché financier, année 1904-1905 (Paris, Guillaumin, 1905.), p. 92.