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par de certaines manœuvres dans l’explication desquelles nous ne pouvons pas entrer, de créer artificiellement des circonstances favorables —.

Nous avons vu les banques, dans ce qui précède, procurant du crédit à leurs clients, ou accomplissant des opérations du même ordre. Les banques, maintenant, peuvent en mille manières « faire des affaires », comme l’on dit. La démarcation, d’ailleurs, est bien difficile à établir entre les opérations de crédit et les « affaires ». Un banquier est sollicité par un industriel de lui avancer de l’argent ; si l’entreprise de cet industriel est bonne, notre banquier pensera naturellement à offrir son concours sous la forme d’une commandite. On demande à une banque d’aider à la constitution d’une société par actions ? la banque pourra être tentée de souscrire des actions pour son compte propre. Les banques souvent même susciteront la création d’entreprises, prendront l’initiative de la fondation de sociétés. Et ces participations, ces intérêts que les banques auront dans l’industrie, dans le commerce pourront avoir des caractères divers. Tantôt c’est d’une manière durable que les banques s’engageront dans des affaires qu’elles auront reconnues sérieuses, et dans l’avenir desquelles elles auront con fiance. Tantôt, au contraire, les banques se lanceront dans de pures spéculations, cherchant à réaliser des bénéfices grâce à ces fluctuations que les valeurs de toutes sortes subissent, et sur lesquelles il est possible d’agir quand on dispose de gros capitaux.

201. Importance des banques. — La revue à laquelle nous venons de procéder, quoique incomplète, suffira sans doute à donner une idée du rôle que la banque joue dans l’ensemble de l’économie. Nous avons glissé sur tout ce qui, dans l’industrie de la banque, a rapport aux moyens de paiement et au règlement des comptes : c’est là en effet un sujet sur le quel nous aurons à revenir. Ce que nous avons voulu montrer avant tout, c’est que les banques représentent, dans notre société contemporaine, l’organe qui distribue le crédit, que cette fonction leur est dévolue, tout au moins, par rapport aux grandes entreprises et aux grandes affaires. Le rôle des banques, ainsi, apparaît comme essentiel. Et va un point de vue particulier nous n’aurons pas à nous étonner que partout, notamment dans les pays neufs et en voie de développement rapide — aux États-Unis, dans l’Afrique du Sud —, les banquiers exercent aujourd’hui une influence considérable, voire même prépondérante, sur toute la vie économique, quand ce n’est pas, même, sur la vie politique des nations[1].

  1. On peut lire, sur ce point, Hobson, Evolution of modern capitalism, chap. 10 (The financier).