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Mais pour ce qui est de la propriété de l'outillage qu’ils emploient, divers cas sont à distinguer. Parfois les ouvriers reçoivent leur outillage de l’entrepreneur qui les occupe : cela arrive notamment quand cet outillage a une certaine valeur. Plus souvent, les ouvriers se servent d’un outillage à eux. I{ arrive, enfin, que parmi les ouvriers on ait à distinguer encore deux catégories : il y a des ouvriers chefs d'ateliers qui ont une installa- tion et un outillage, et il y & d'autres ouvriers qui travaillent à côté des premiers, recevant de ceux-là un salaire qu'ils ont débattu avec eux — c'est ainsi que les choses se passent, en bien des endroits, dans l'industrie de la confection —, ou bien encore recevant de l entrepreneur qui fournit le travail à tous le même salaire que les chefs d'atelier, mais payant une redevance à ceux-ci pour la location de leur matériel — tel est le cas, par exemple, dans l’industrie lyonnaise de la soie —. Les chefs d'ateliers, au reste, reçoivent quelquefois du travail de plusieurs entrepreneurs. Et on les voit parfois — quand leur atelier prend une certaine importance — ne plus faire œuvre de leurs mains, et se borner à un simple travail de direction et de surveillance.

Sous les formes diverses qui viennent d’être indiquées, l’industrie à domicile occupe-t-elle un grand nombre de travailleurs ?

Ce n’est qu'en Allemagne qu'il a été dressé des statistiques spéciales pour l’industrie à domicile. Dans ce pays, nous savons que l’industrie à domicile était représentée en 1882 par 386.411 exploitations, dont 68.944 employant des auxiliaires, et en 1895 par 342.487 exploitations, dont 69.986 avec des auxiliaires. Le nombre des travailleurs isolés de l'industrie à domicile aurait été — en ne comptant que les exploitations appartenant à l’industrie à domicile par leur destination principale — de 284.728 en 1882, et de 231.540 en 1895 ; pour les exploitations employant des auxiliaires, les chiffres correspondants seraient 191.347 et 226.208 ; pour l'ensemble des exploitations, 476.075 et 457.748. Entre 1882 et 1895, il y au- rait donc eu une petite régression de l'industrie à domicile. Cette régression serait causée uniquement par l’évolution de l’industrie textile, où le nombre des ouvriers travaillant à domicile aurait passé de 285.102 à 197.095 et la proportion de ces mêmes ouvriers de 33,1 °/, à 19,8 "4. Partout ailleurs, ou presque, l'industrie à domicile aurait gagné : le nombre des ouvriers qu'elle occupe serait passé, par exemple, de 131.861 à 159.645 dans les industries du vêtement, de 19.111 à 37.443 dans les industries du bois ; le pour cent des ouvriers à domicile se serait élevé ainsi de 10,5 à 11,5 dans celles-là et de 4,1 à 6,3 dans celles-ci. Au total, en 1895, la statistique officielle met dans la catégorie de l’industrie à domicile 5,7 °/, des salariés de l’industrie — mais ce chiffre est certainement trop bas —. Des ouvriers travaillant à domicile, 42,7 °/, appartiendraient à l’industrie textile, et 34,8 °/, à l'industrie de l'habillement.