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de telles autres productions. Le cultivateur travaille pour obtenir une récolte ; et pour cette récolte il est un moment que déterminent d’une manière très rigoureuse certaines circonstances, parmi lesquelles il faut mettre au premier rang, s’il s’agit d’une culture de céréales, etc., la maturité du fruit. Dans l’exploitation des forêts, il en va autrement. Celui qui a planté une forêt peut faire une première coupe après cinq ans, ou après dix ans, ou après cinquante ans ; ce n’est qu’une étude spéciale qui lui apprendra quel est le meilleur espacement des coupes.

Cette étude, les forestiers l’ont faite. Ils ont constaté ainsi, tout d’abord, que selon l’âge d’une forêt, la quantité de bois à l’hectare varie, décrivant une courbe ascendante qui, au reste, change selon les essences et la nature des terrains. Rapporte-t-on la quantité du bois à l’âge, on a l’augmentation annuelle moyenne de cette quantité. Pour certaine espèce d’arbre, par exemple, sur des terrains d’une certaine qualité, l’augmentation moyenne est de 1, 3 fm. si on laisse les arbres arriver à l’âge de 10 ans ; si on les laisse arriver à 20 ans, 30 ans, etc., cette augmentation devient 3,5, 8,4, 11,6, 12,2, 12,1, 11, 8, 11,4, 11, 10,6, 10,1, etc.

Dans l’exemple ci-dessus, c’est en laissant pousser les arbres pendant cinquante ans qu’on a la plus grande quantité de produit. Quel sera, maintenant, l’aménagement le meilleur au point de vue économique, c’est-à-dire au point de vue du rapport ? C’est là un problème tout autre, où des considérations nouvelles doivent intervenir. Ainsi, une même quantité de bois se vendra plus ou moins cher si ce bois se présente sous la forme de troncs d’arbres pouvant servir à faire des pièces de charpente, ou s’il peut être débité en planches, que s’il n’est bon qu’à brûler. Mais le point le plus délicat est celui de savoir si, dans le calcul du rapport des différents aménagements possibles, on tiendra compte ou non de ces intérêts qui correspondent à l’attente plus ou moins longue du revenu. Ainsi un aménagement à cent ans peut donner un revenu annuel moyen plus élevé qu’un aménagement à cinquante ans, si on estime ce revenu par la simple comparaison des rentrées et des dépenses ; ce sera le contraire, si on fait entrer en compte les intérêts afférents aux unes et aux autres : lequel, dès lors, de ces deux aménagements est préférable ? La question a été résolue dans les deux sens. Si toutefois, pour y répondre, nous nous plaçons au point de vue de l’avantage particulier de celui qui exploite la forêt — nous aurons à voir plus tard si cet avantage concorde ou non avec l’avantage général —, nous nous convaincrons que l’on doit, ici, prendre en considération les intérêts des sommes qui, dans chaque aménagement, sont perçues ou déboursées.

Voici une statistique des forêts dans quelques-uns des pays d’Europe :