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chines jouent dans l’agriculture, la division peu poussée du travail des champs, le peu de progrès de la concentration des exploitations agricoles.

161. Son histoire. — Il ne saurait être question de retracer ici, si ce n’est d’une façon extrêmement rapide, l’histoire de la technique de l’agriculture[1].

La question des origines de cette technique est très controversée. L’opinion courante, naguère encore, était que les hommes étaient passés de cet état où la chasse, la pêche et la cueillette leur fournissaient tous leurs aliments, d’abord à l’état pastoral, puis à l’état proprement agricole : c’est la pratique de la chasse qui aurait conduit nos ancêtres à garder avec eux et à domestiquer certaines bêtes ; plus tard seulement ils se seraient mis à cultiver la terre. On incline à croire, aujourd’hui, que la culture à la houe a précédé les plus importantes des domestications d’animaux : l’élevage du bétail se serait développé ultérieurement, permettant l’emploi de l’araire pour le travail de la terre ; et il se serait répandu ensuite, tantôt avec l’agriculture — au sens étroit du mot —, dont il constituait ainsi un complément, tantôt sans elle.

Une fois le cheval, le bœuf, le mouton, le porc et la chèvre domestiqués, une fois inventé la charrue primitive, la technique agricole est restée pendant quelque quatre mille ans sans qu’il s’y fit aucun changement pro fond, sans que rien de véritablement nouveau fût découvert qui l’intéressât : et cela, même dans ces périodes comme la seconde moitié du XVIIIe siècle et la première du XIXe où les préoccupations de quantité d’administrateurs, d’économistes de spécialistes de l’agronomie étaient tournées vers les perfectionnements possibles de cette technique. Pendant cette longue suite de siècles, pour ce qui est de l’élevage, les progrès qui ont été effectués ont consisté dans la domestication d’un très petit nombre de bêtes nouvelles, et dans la multiplication de certaines races particulièrement aptes aux emplois auxquels on les destinait, ou dans l’amélioration des autres races par des croisements avec celles-là. Pour ce qui est, d’autre part, de la culture, les principaux progrès que l’on a réalisés ont été les suivants :

1° l’introduction de plantes nouvelles, l’introduction ou la propagation de variétés meilleures de plantes antérieurement connues ;

2° l’invention d’instruments aratoires supérieurs — de ce côté, cependant, il a été fait très peu : la charrue qui était en usage dans nos pays il y a quelques dizaines d’années, et dont on trouverait encore des spécimens, n’était pas différente de celle des peuples de l’antiquité — ;

  1. Pour ce qui est de la partie de cette histoire qui va jusqu’au milieu du XIXe siècle, on pourra chercher des renseignements, pour commencer, et des indications bibliographiques dans le Grundriss de Schmoller, §§ 78-80 (trad. fr., t. I ; les indications bibliographiques sont en tête du § 76), et dans le Handwörterbuch, t. I, à l’article Agrargeschichte (par Weber, Lamprecht et von der Goltz).