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Le Royaume-Uni en particulier, qui dans la période 1832-59 produisait annuellement 13,16 millions de quarters de froment et en importait 4,65, en 1889-90 ne produisait plus que 8,77 millions de quarters et en importait 19,26[1].

Écartons cette considération, et prenons des pays où la consommation des denrées agricoles soit égale, ou à peu près, à la production de ces mêmes denrées. Ce que nous aurons à dire, alors, c’est que le nombre des travailleurs que l’agriculture peut occuper n’est pas susceptible de s’accroître comme celui des travailleurs de telle autre sorte de production. Dans un état donné de la technique, la courbe de la productivité du travail agricole, d’une manière générale, une fois qu’elle a atteint son point de culmination descend très vite. Si sur une terre d’une certaine superficie, a un moment déterminé, le plus avantageux est d’employer 10 travailleurs, des travailleurs supplémentaires, dans la plupart des cas, n’ajouteront que très peu de chose au produit, et il faudra des changements sérieux dans la demande pour qu’il devienne rentable d’accroître la dépense de main-d’œuvre. Et pour ce qui est des progrès de la technique, ils ont pour effet, à l’ordinaire, de diminuer la main-d’œuvre : les machines agricoles en particulier, soit qu’elles travaillent plus mal que la main de l’homme, comme il arrive, soit qu’elles travaillent mieux, permettent toujours d’économiser du travail humain. Pour le reste, les progrès de la technique, élevant la courbe de la productivité de la main-d’œuvre, ne modifient pas la forme de cette courbe.

En somme, par l’augmentation du capital, par l’introduction d’une tech nique meilleure, on arrive à ce résultat que la production par travailleur agricole devient plus forte : on n’est pas conduit à employer davantage de travailleurs. Les mêmes travailleurs qui étaient occupés précédemment dans l’agriculture produiront, par exemple, deux fois plus de substances alimentaires, deux fois plus de matières pour l’industrie textile et telles autres industries encore ; et l’accroissement de la population qui aura lieu aura pour conséquence un accroissement de l’emploiement dans les autres branches de la production. Mais l’utilité relative de la production agricole sera-t-elle réduite par là ? En un sens, pas : cette production, en effet, continuera à conditionner plus que toute autre tout le développement de l’économie.

159. Classification des productions agricoles. — Comment classer les productions agricoles ? Elles sont extrêmement nombreuses et variées. Parmi les productions agricoles dans le sens le plus étroit de l’expression, les statistiques allemandes distinguent : 1° la production des céréales et autres plantes farineuses : 2° celle des plantes à racinesbette-

  1. Handwörterbuch, article Getreideproduktion (t. IV), par Kollmann, II, § 2.