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D’autre part, c’est par l’agriculture que nous nous procurons certaines matières qui, plus ou moins élaborées, nous serviront à nous vêtir, à nous loger, etc. La chasse nous approvisionne de certaines fourrures. À l’industrie extractive, nous devons les pierres, les terres, les métaux, etc. Mais l’agriculture de son coté nous donne, pour ne citer que ces quelques produits, le lin, le chanvre, le coton, la laine, les peaux des bêtes domestiques, les bois de toutes sortes, les graines oléagineuses.

On est tenté, parfois, de méconnaître la place que l’agriculture occupe dans l’ensemble de la production. C’est quand on voit l’agriculture, à de certains égards, reculer par rapport aux autres industries. Nous avons cité, tantôt, des chiffres qui montrent que d’une manière très générale, au cours de ces dernières années, la proportion des personnes employées dans l’agriculture a diminué. Ce n’est là que la continuation d’une évolution commencée depuis longtemps. La proportion de la population rurale à la population totale est tombée : en France, de 73,6 % a 60,2 % entre 1846 et 1901 ; en Allemagne, de 63,9 % à 53 % entre 1871 et 1890 ; aux Étals-Unis, de 96,6 % à 66,9 % entre 1790 et 1900 ; en Angleterre enfin, de 69,4 % à 28,3 % entre 1801 et 1891. Il est vrai que ces chiffres ne sont pas aussi concluants qu’on le croit parfois : la population rurale, si elle est composée en grande partie d’agriculteurs, comprend aussi des artisans, des commerçants, et en comprenait jadis une proportion plus forte que celle d’aujourd’hui, parce que l’industrie était moins centralisée. Mais il existe pour divers pays des statistiques assez anciennes de la population agricole ; et nous savons ainsi qu’en France, où la population agricole représentait en 1891 45,5 % de la population totale, elle en re présentait en 1870 51,4 % ; qu’aux États-Unis, la proportion des per sonnes employées dans l’agriculture, qui en 1900 était de 35,7 %, en 1880 était de 44,3 % (2). Toutefois, il faut bien comprendre la signification de ces diverses statis tiques. Pour revenir sur une observation que nous avons déjà formulée, on doit tenir compte, en premier lieu, de ce fait que certains pays se four nissent à l’étranger d’une partie des denrées agricoles qu’ils consomment français (voir le Statistical abstract for the foreign countries, p. 348) ; comme les importations et les exportations ne sont pas 1res considérables (en 1904, 94,3 milliers de quintaux à l’importation, 302,2 à l’exportation, d’après l’Annuaire statistique de 1905, p. 228), on peut dire que chaque Français, en moyenne, mange environ 5 à 6 kilogrammes de poisson par an. (1) Cf. Bourguin, Les systèmes socialistes, Annexe V, 6, A. La démarcation entre la population urbaine et la population rurale est établie de différentes façons selon les pays. (2) Ibid., Annexe V, t>, B. Ces chiffres ne concordent pas tout à fait avec certains chiffres que nous avons donnés un peu plus haut. Mais on remarquera que les catégories considérées ne sont pas exactement pareilles.