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disponible de telle ou telle marchandise — c’est toujours quelque marchandise de première nécessité — . Ces manœuvres — comparables, on le remarquera, à celles des accapareurs de jadis, sauf peut-être en ce qu’elles portent sur des quantités de marchandises plus considérables et intéressent des marchés plus étendus — sont nécessairement éphémères ; elles ne pourraient durer un certain temps — qui ne serait pas encore bien long — que lorsqu’elles s’exercent sur des marchandises, comme les métaux, que l’usage ne détruit pas, et dont le stock ne s’accroît que d’une manière relativement lente. De plus, les Ringe, comme on les appelle en Allemagne, les corners, comme on les appelle en Amérique, peuvent être aussi bien le fait d’un individu isolé ; et lorsqu’ils sont dus à l’action concertée de plusieurs individus, on ne saurait dire, à l’ordinaire, qu’on se trouve en présence d’une entente d’entrepreneurs.

Les véritables coalitions d’entreprises — celles qui se proposent comme dessein d’éviter, dans une certaine mesure tout au moins, aux entrepreneurs qui y participent les inconvénients de la concurrence — se ramènent à deux types : le cartel et le trust.

Il y a cartel lorsque des entrepreneurs s’entendent pour un objet déterminé — se rapportant au but que nous avons indiqué — , sans que cette entente retire aux entreprises coalisées leur autonomie. Le cartel, au reste, comporte des modalités extrêmement diverses. Nous signalerons les principales[1].

1° Le cartel peut régler les conditions accessoires de la vente, les délais de paiement, l’escompte à consentir aux clients qui paient comptant, etc.

2° Il peut établir un prix au-dessous duquel les entrepreneurs ne devront pas descendre.

3° Il peut fixera chacun des entrepreneurs un maximum pour sa production.

4° Il peut limiter les bénéfices des entrepreneurs, en décidant par exemple que chaque entrepreneur, s’il vend au delà d’une certaine quantité,’ ver sera sur ses ventes un tant pour cent à une caisse commune, et que ce versement bénéficiera à tous ; ou encore que les entrepreneurs verseront à une caisse commune l’excédent du prix qu’ils vendront leurs produits sur un prix déterminé.

5° Il peut établir une division géographique du marché, chaque entre preneur devant avoir la vente exclusive dans une certaine région.

6° Le cartel, parfois, traite avec un vendeur, ou organise lui-même un comptoir qui seul pourra vendre les produits des entrepreneurs. Ainsi les entreprises, si industriellement elles demeurent indépendantes, cessent d’être distinctes au point de vue commercial.

  1. On trouvera une énumération plus complète dans l’article de Liefmann, Caractères et modalités des cartels, Revue d’économie politique, 1899.