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La concurrence stimule le progrès : elle oblige les producteurs à rechercher et à adopter, pour tenir contre leurs rivaux, ou pour triompher d’eux, toutes les améliorations techniques ou autres qui diminueront leurs frais.

La concurrence, toutefois, n’a pas seulement des avantages. Si d’une part elle contraint les producteurs à s’efforcer de produire à bon marché, elle grève la production, d’autre part, de frais supplémentaires qui peuvent devenir très élevés : à savoir ces frais qu’entraîne la publicité et la ré clame. Chaque producteur est obligé de faire des dépenses pour attirer l’attention de la clientèle sur ses produits, pour persuader les acheteurs de la supériorité de ses produits.

On a indiqué justement que la concurrence causait, d’une autre façon encore, des gaspillages de capitaux. Quand un industriel a une usine, si un autre individu, construisant une usine semblable, a l’espérance d’enlever à celui-là ses clients, il montera un établissement nouveau ; et les bâtiments, l’outillage de la première usine pourront perdre toute valeur, ou à peu près.

Enfin on ne doit pas oublier que le producteur, quand il est en concurrence avec d’autres producteurs, n’a pas, pour résister et pour vaincre, cette méthode seulement à sa disposition qui consiste à produire avec les mêmes frais des articles meilleurs, ou à produire des articles aussi bons à moins de frais. Il sera tenté aussi de recourir à la sophistication, à la malfaçon, aux tromperies de toutes sortes.

2. La concurrence et le monopole dans l’économie contemporaine.

150. Remarques générales. — Il nous faudrait maintenant rechercher si dans notre époque c’est la concurrence qui prédomine, ou le mono pole. Mais là-dessus il est bien difficile de répondre, et cela parce que la question, si on approfondit les choses, apparaît comme très mal posée, on serait presque tenté de dire comme n’ayant pas de signification. L’opinion commune, c’est que la concurrence est le régime normal de la production, et que le monopole constitue une exception. Mais cette opinion implique une restriction arbitraire du sens du mot « monopole ». En réalité, nous l’avons vu, le monopole est à peu près partout. Du boulanger, par exemple, établi dans un quartier, on peut dire, eu forçant à peine le sens du mot « monopole », qu’il jouit d’un monopole par rapport aux habitants de sa rue, en même temps que par rapport à ceux de telles rues voisines il se trouve en concurrence avec un autre boulanger. Il faut renoncer à mesurer l’extension relative de la concurrence et du monopole ; et la raison en est qu’il n’y a point une sphère de la concurrence et une sphère du monopole qu’on pourrait séparer l’une de l’autre.