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Dans un grand nombre de productions agricoles, sans doute, ces mêmes avantages existent au profit de la grande exploitation qui favorisent, comme nous l’avons vu, la grande industrie ou le grand commerce aux dépens de la petite industrie et du petit commerce, ou bien encore des avantages analogues. Contentons-nous de mentionner les principaux[1].

1° Dans l’agriculture, l’exploitation et le ménage, à la différence de ce qui existe dans l’industrie ou dans le commerce, sont étroitement liés. Or le grand ménage réalise, par rapport au petit, une économie importante de main-d’œuvre et de marchandises.

2° La grande exploitation agricole a beaucoup moins à dépenser, relativement, pour la construction et l’entretien des clôtures. La longueur de la limite représente 1m,26 par are pour un terrain carré de 10 hectares ; elle est de 4 mètres si le terrain n’a qu’un hectare, et de 40 mètres s’il n’a qu’une are. Avec un terrain plus petit, en outre, on perd, pour la même raison qui explique le fait précédent, plus de semence ; et le retour de charrue tient plus de place.

3° Les machines, dans l’agriculture comme dans l’industrie, permettent, quand on peut les employer, d’économiser beaucoup de main-d’œuvre. On a pu constater que pour obtenir des récoltes identiques, la quantité d’heures de travail à dépenser pouvait varier, selon qu’on se servait ou non de machines, dans une proportion très considérable, que la durée du travail descendait, dans certain cas, de 63 heures 35 minutes à 2 heures 42,8 minutes[2]. Or les agriculteurs qui ont de petites exploitations, très souvent n’ont pas avantage à acheter des machines. La technique de l’agriculture est’elle que chaque machine agricole n’est en service qu’à un moment donné de l’année : la faucheuse ne sert que lorsqu’il y a une coupe de fourrage à faire, la moissonneuse ne sert qu’au moment delà moisson ; celui qui a un petit champ ne retrouverait pas, par l’économie de main-d’œuvre que lui procurerait l’emploi de la faucheuse ou de la moissonneuse, l’intérêt du prix que coûtent ces machines. Et si son champ est assez grand pour qu’il retrouve cet intérêt, son avantage sera inférieur à celui qu’a, à employer les mêmes machines, le propriétaire d’un champ plus vaste. En 1883, en Allemagne, on comptait, pour une superficie cultivée de 1.000 hectares, 2,84 batteuses à vapeur et 12,44 autres batteuses dans les exploitations de 2 à 100 hectares, 1,08 batteuse à vapeur et 1,93 autres batteuses dans les exploitations dépassant 100 hectares : cette différence ne tient cer-

  1. Nous utiliserons ici principalement, le livre de Kautsky sur La question agraire (trad. fr., Paris, Giard et Brière, 1900) ; voir dans ce livre le chap. 6, a. Cf. encore David, Sozialismus und Landwirtschaft (Berlin, éd. des Sozialistische Monatshefte, 1903), passim.
  2. Voir les indications données par Hobson (Evolution of modern capitalism, chap. 5, § 7), d’après Quaintance.