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ront assez voisines les unes des autres, et que le même matériel pourra servir pour toutes ; si un propriétaire foncier a des terres trop éloignées les unes des autres pour pouvoir constituer une même exploitation, il prendra en général le parti de louer certaines d’entre elles ; n’ayant qu’une entreprise, il n’aura, aussi, qu’une exploitation.

Comment donc mesurerons-nous la concentration des exploitations ? Indiquons, tout d’abord, qu’il n’y aurait pas beaucoup d’intérêt à connaître le nombre global des exploitations — que ce soit le nombre absolu, ou le nombre relatif à la population, ou le nombre relatif à la production générale —. Supposons qu’on ait pu établir que dans un pays donné, entre telle et telle date, le nombre des exploitations a diminué de tant. On pourra, si l’on veut, parler d’une concentration des exploitations. Mais l’information qu’on se sera procurée n’aura que peu de prix : il se peut qu’il y ait eu diminution du nombre des très petites exploitations, cependant que le nombre des très grandes augmentait — à la vérité de moins d’unités — ; et il se peut aussi que le nombre des très grandes exploitations ait diminué, et celui des très petites augmenté : deux hypothèses, on s’en rend compte, très différentes l’une de l’autre.

Il est donc nécessaire, lorsqu’on veut étudier la concentration des exploitations, de distinguer parmi celles-ci plusieurs catégories, d’établir une échelle. Mais comment établira-t-on cette échelle, comment distinguera-t-on, puisqu’il faudra le faire, entre les exploitations grandes, moyennes et petites ? C’est ici un point très délicat.

Quand il s’agit de la production agricole, les statistiques auxquelles on recourt d’ordinaire pour se documenter sont les statistiques relatives à la superficie des exploitations. Mais si l’on compare l’agriculture d’un pays avec celle d’un autre pays, sera-t-il correct de dire que la première est plus concentrée que la deuxième parce que la superficie moyenne des exploitations y est plus grande ? Ces dimensions plus grandes des exploitations peuvent être dues à ce que dans le pays en question, la terre est plus pauvre, et ne comporte que des cultures extensives ; en sorte que ces exploitations plus grandes produiront moins et auront moins de valeur que les autres. Supposons maintenant qu’on compare l’agriculture d’un même pays à deux dates successives : la diminution de la superficie moyenne des exploitations, si on la constate, peut tenir à ce que pour telle ou telle raison — l’accroissement de la population, par exemple — on a été amené à adopter des modes de culture plus intensifs ; et dans ce cas il peut se faire que la superficie moyenne ayant diminué, la valeur moyenne des exploitations agricoles cependant ait augmenté.

Des remarques analogues peuvent être faites au sujet de cette estimation de l’importance des exploitations qui repose sur le nombre des travailleurs occupés par elles. Le nombre moyen des travailleurs occupés dans une cer-