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le maximum de revenu qu’il pourra obtenir pour ses avances sera de 10 %, et correspondra à une mise de fonds de 2,5 millions. Avançant de cette même manière le demi-million qui lui reste, il lui faudrait, pour écouler son chocolat, en transporter une partie plus loin, ou le vendre moins cher : si bien que cette avance supplémentaire d’un demi-million ne lui procurera qu’un supplément de revenu de 30.000 francs, soit 6 %. L’intérêt de notre fabricant de chocolat, dès lors, peut être de construire lui-même les machines dont il a besoin : il suffit en effet, pour qu’il en soit ainsi, que les construisant lui-même elles lui reviennent 6 % moins cher que ce qu’il les paie.

Nous avons parlé, dans ce qui précède, de ces entrepreneurs qui, s’étant tout d’abord bornés à l’exécution de certaines opérations productives, incorporaient ensuite à leurs entreprises d’autres opérations antérieures à celles-là. Un cas plus rare, mais qui se rencontre cependant — et qui, au reste, est analogue au premier —, est le cas où l’intégration consiste dans l’adjonction aux opérations primitivement exécutées de telles opérations qui leur sont postérieures. Ainsi, un industriel qui fabriquait des pièces pour appareils photographiques se mettra à construire lui-même les appareils. Il arrive encore qu’un établissement industriel, après avoir pendant un certain temps vendu ses sous-produits à d’autres établissements qui les rendaient propres pour la consommation, se mette à traiter lui-même ces sous-produits.

2° Jusqu’à présent, nous avons vu l’intégration des entreprises se faire en telle manière que l’entreprise agrandie — ou plutôt compliquée — ne vendait pas une variété plus grande d’articles : la partie du processus productif exécutée dans une entreprise était augmentée, soit dans un sens — en remontant vers les premières opérations du processus —, soit dans 1 autre — en descendant vers les opérations dernières —. D’autres fois, l’intégration des entreprises résulte de ce qu’un établissement qui vendait un article, ou certains articles, se met à vendre un plus grand nombre d’articles. Ce phénomène, au reste, peut avoir deux causes différentes[1].

Un producteur, en premier lieu, peut augmenter le nombre de ses spécialités, comme on dit parfois, parce que c’est là la seule façon qui s’offre à lui d’élargir ses affaires, ou parce que c’est là une façon pour lui de les élargir. Considérons ces énormes maisons de commerce qui existent dans certaines capitales : il en est qui, après avoir vendu au début des nouveautés seulement, ont ajouté successivement au rayon des nouveautés toute une série de rayons, qui vendent de l’épicerie, des meubles, qui font

  1. Pour marquer une opposition qui est à peu près la même que celle que nous indiquons, Hobson emploie les expressions d’intégration « latérale » et d’intégration « horizontale » : ces expressions ne sont pas très heureuses.