Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais il est certain que l’administration de la société anonyme, bien souvent, est plus coûteuse que celle de telles autres entreprises : cela, tant à cause de l’organisation de cette société et de la complexité des rouages qu’elle comporte que parce que la direction effective des affaires, dans la société par actions, est confiée à des hommes qui peuvent n’y pas avoir tous leurs intérêts.

Plaçons-nous au point de vue particulier des actionnaires. Ceux-ci peuvent être trompés sur la valeur de l’entreprise où on attire leurs capitaux. Dans tous les marchés financiers il y a des individus qui s’occupent à lancer des affaires sans avenir, voire des affaires fictives. L’impossibilité où l’actionnaire se trouve, le plus souvent, de contrôler l’administration de la société dont il fait partie l’expose à de graves dangers : on a vu des sociétés s’effondrer au lendemain d’assemblées générales où leur situation avait été présentée comme excellente. Ces inconvénients, toutefois, paraissent ne pas être dans l’ensemble extrêmement graves : cela résulte des statistiques que l’on a établies relativement au rendement moyen des actions des sociétés anonymes — statistiques dont nous aurons à parler bientôt —. Plus grave peut-être est l’inconvénient qui naît de ces spéculations où l’actionnaire n’est que trop tenté de s’engager. On a relevé qu’en 1895 les actions de 25 sociétés de mines du Sud africain qui distribuaient des dividendes, avec une valeur nominale de 6,55 millions de £, râlaient en Bourse 38, 52 millions de £. Les actions de 133 autres sociétés, qui ne distribuaient pas de dividende, avaient une valeur nominale de 27,73 millions de £, et une valeur en Bourse de 113,25 millions de £[1].

130. Histoire et statistique des sociétés par actions. — Les sociétés par actions ont leur origine dans les grandes compagnies à privilèges du XVIIe et du XVIIIe siècle. La déconfiture, cependant, de beaucoup de ces compagnies, la prédominance, d’autre part, d’une doctrine économique tout individualiste amena, vers la fin du XVIIIe siècle, le déclin de cette forme d’entreprise. Elle ne devait reprendre vie que dans le XIXe siècle[2]. En Prusse, à la date de 1825 il n’avait été fondé que 21 sociétés par actions, avec un capital de 35, 76 millions de marks ; de 1826 à 1850 il s’en fondait 102, avec un capital de 637, 46 millions de marks. En Autriche, le capital des sociétés par actions existant en 1805 s’élevait à 680,5 millions de florins[3]. Voici maintenant des chiffres se rapportant à l’époque la plus récente[4].

  1. Handwörterbuch, Aktiongesellschaften (Volkswirtschaftliche Bedeutung), § 6.
  2. Voir, pour cet historique, Schmoller, Grundriss, § 144.
  3. D’après le Handwörterbuch.
  4. Nous les empruntons à Philippovich. On prendra garde, en les lisant, que dans certains pays, en Prusse, en Belgique, etc., une grande partie des chemins de fer