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des capitaux très importants. Mais parmi les travailleurs qu’une entreprise occupera, il s’en trouvera bien peu, étant donné la manière dont les richesses sont réparties, qui possèdent, bien peu qui puissent participer à la propriété, si l’on peut ainsi dire, de l’entreprise, et par suite à sa direction.

2° Il faut tenir compte, d’autre part, des différences qui existent entre les individus au point de vue du caractère. Parmi les employés d’une entre prise, il pourra y en avoir qui soient aussi riches que le chef de cette entreprise : leur humeur leur fait préférer une situation subordonnée et en général moins lucrative, mais où ils n’exposent point leur avoir, et où ils n’ont pas à souffrir de ces tracas, de ces préoccupations, de cette anxiété du lendemain qui sont le lot habituel des entrepreneurs.

3°-4° Ajoutons que dans notre siècle, l’esprit individualiste domine, et que l’on répugne à partager avec d’autres une autorité que l’on peut exercer seul. Ajoutons encore qu’en tout temps, quand il s’agit d’affaires complexes, minutieuses comme sont celles qu’il faut régler à tout instant dans l’entreprise, la participation d’un trop grand nombre d’individus à la décision a donné d’assez mauvais résultats. Et sans doute on peut s’en tendre pour confier cette décision à des hommes de confiance ; mais cette entente même exige pour se réaliser, et plus encore pour se maintenir, un certain esprit de discipline qui n’est pas très répandu ; et les ordres venus de la direction risqueront trop de ne pas être acceptés avec assez de docilité quand ceux-là mêmes seront chargés de les exécuter de qui procède l’autorité directrice.

5° Enfin, s’il est certain que dans l’entreprise patronale les intérêts du patron et ceux de ses employés ne coïncident pas, ces employés cependant sont stimulés dans leur travail — même quand leur rémunération ne se proportionne pas à la valeur de celui-ci — par la crainte qu’ils ont de perdre leur emploi. Dans une association coopérative de producteurs, au contraire, chaque travailleur sans doute est intéressé à la prospérité de l’association ; mais si l’association comprend un certain nombre de membres, il pourra ne pas voir assez bien les effets pour lui-même de sa négligence et de sa paresse ; il arrivera même qu’il trouve son avantage personnel — à la condition de ne pas être imité par les autres — à ménager ses forces : et quand plusieurs associés se mettront à raisonner ainsi, l’entreprise ne pourra que péricliter.

2. L’entreprise patronale.

128. Ses formes diverses. — L’entreprise patronale se présente à nous sous des formes quelque peu diverses. 1° La forme la plus simple, et aussi la plus fréquente, est celle qui com