Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de distribuer le travail aux ouvriers et de payer ceux-ci, ne gardant guère pour eux-mêmes que la détermination des produits à fabriquer, l’achat des matières premières et la vente des objets fabriqués.

On prendra garde de ne pas confondre l’entreprise avec l’exploitation. Une exploitation ne saurait englober plusieurs entreprises ; une entreprise, en revanche, peut comprendre plusieurs exploitations. Une compagnie se fonde, par exemple, qui se propose de faire de l’industrie métallurgique : cette compagnie constitue une entreprise : mais elle aura plusieurs exploitations si elle crée des usines en plusieurs endroits, et que ces usines aient un matériel, un personnel tout à fait distincts. On peut dire, pour marquer la différence de l’exploitation et de l’entreprise, que celle-là est une unité technique, et celle-ci une unité économique.

127. Entreprise patronale et entreprise coopérative. — Revenons à la question de l’administration des entreprises. Cette question ne se pose pas pour les entreprises où un seul individu fait tout. Et nous verrons bientôt que de telles entreprises sont nombreuses. Il y a une grande quantité de paysans qui cultivent leurs champs sans avoir besoin pour cela d’aucun autre travail que du leur propre et de celui des membres de leur famille. Dans l’industrie, il y a encore des artisans. Les petits commerçants pullulent. Et les professions dites libérales comportent le plus souvent l’indépendance économique complète de ceux qui les exercent.

Dans ces entreprises où plusieurs individus, fût-ce à des titres divers, ont un rôle à jouer, deux types doivent être distingués : le type patronal et le type coopératif. Dans les entreprises patronales, un individu — ou plusieurs individus — assume la direction et les risques en même temps ; d’autres individus travaillent sous les ordres, et pour le compte du patron — ou des patrons —. Dans les entreprises coopératives, au contraire, la direction de la production appartient à l’ensemble des travailleurs ; et ceux-ci se partagent les bénéfices réalisés, comme aussi à l’occasion les pertes subies.

Les entreprises de l’État, des communes, on l’aperçoit sans peine, doivent être assimilées aux entreprises patronales. Au reste, nous laisserons de côté ici ces entreprises des États et des communes ; c’est seulement des entreprises des particuliers que nous nous occuperons.

Des deux types d’entreprises que nous avons distingués, celui qui prédomine aujourd’hui, et de beaucoup, c’est le type patronal. Les causes en sont multiples.

1o La première cause qui explique la diffusion du type patronal de l’entreprise, c’est que l’entreprise exige pour être montée, comme l’on dit, et pour fonctionner, un certain capital. Dans beaucoup de branches de la production, même, il faut, pour arriver à la productivité maxima, donner aux entreprises de très grandes dimensions, et par conséquent employer