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dant à la première sa force de travail. Et il est certain que plus il faut de capital pour monter une entreprise productive, plus il devient difficile à ceux qui n’ont point de fortune, ou qui n’en ont que très peu, de sortir de la condition de salariés. Mais ce fait, si digne qu’il soit de retenir l’attention, n’est cependant qu’un fait dérivé : il ne convient pas d’y voir l’essence même du capitalisme.

La même observation s’adresse à cette conception du capitalisme qu’a proposée Sombart[1]. Pour Sombart, la production capitalistique est cette production dans laquelle l’entrepreneur avance une somme afin de la retrouver ensuite augmentée d’un surplus, le « profit » ; la production capitalistique poursuit, ainsi, un but abstrait et indéfini. Et ici encore nous sommes en présence d’une remarque qui est juste. Le capitaliste, aujourd’hui, ne se propose pas d’exploiter un fonds — de terre par exemple — ; il ne se propose pas d’exercer un métier où son travail sera rémunéré et qui le fera vivre. Il s’agit pour lui de faire valoir, d’une manière quelconque, un capital dont il dispose ; il s’agit, en d’autres termes, d’arriver à grossir ce capital, et de le grossir le plus possible. Mais si vraie et si intéressante aussi que puisse être la remarque de Sombart, il reste que le fait sur lequel elle porte n’est point quelque chose de premier, et qu’il n’y a pas lieu, par conséquent, de chercher en lui la définition du capitalisme.

IV. — L’Entreprise ; son administration.

1. Définition de l’entreprise. Les deux types d’entreprises.

126. L’entreprise. — De quelle manière, dans notre société contemporaine, les entreprises sont-elles administrées ? Telle est la question que nous allons examiner maintenant. Mais tout d’abord il nous faut définir l’entreprise.

L’entreprise a ce double caractère qu’elle pourvoit aux besoins d’autrui, et qu’elle y pourvoit en vue du gain ; l’entreprise s’oppose, ainsi, à la lois à tout ce que l’on fait pour pourvoir a ses propres besoins, et aux services bénévoles qui sont inspirés par des sentiments altruistes. Ces déterminations, toutefois, ne suffisent pas à définir l’entreprise.



Marshall cependant paraît s’en contenter (voir ses Principles, liv. IV, chap. 12, § 1 ; trad. fr., t. I). Notons, pour être tout à fait exact, que c’est le mot « business » que Marshall définit par les déterminations en question. Quant à l’entreprise («n- dertahing), pour lui, c’est le business management. On lira avec profit, sur la question de la définition de l’entreprise, Cantillon, Essai tur le commerce, l, 13.

  1. Der moderne Kapitalismus, t. I, chap. 8, A.