Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On prendra garde, toutefois, de n’utiliser qu’avec discernement ces indications qu’on peut puiser dans les sources que nous venons de dire, et de ne pas s’y fier absolument. On se rappellera, en effet, que la notion du capital n’est pas entendue de la même façon par tout le monde ; et on considérera, en outre, que les chiffres relatés dans les enquêtes, les statistiques officielles et autres ne sont pas toujours d’une parfaite sincérité.

Nous nous réservons de donner dans le chapitre suivant, quand nous étudierons successivement les différentes branches de la production, les plus intéressants des chiffres qu’on a pu établir au sujet du rôle plus ou moins important que le capital y joue.

3o Il y a une troisième méthode pour se renseigner sur la quantité de capital employée dans la production : c’est celle qui consiste à s’adresser aux statistiques, aux évaluations de la richesse générale. Mais ces statistiques, ces évaluations ne présentent pas toujours le même intérêt.

a) Quand elles se rapportent à la richesse moyenne des habitants d’un pays, quand on nous dit, par exemple, que le « capital » par tête des habitants du Royaume-Uni a passé de 160 £ en 1812 à 120 en 1822, 143 en 1845, 200 en 1865, 260 en 1875, 270 en 1890[1], nous n’apprenons pas grand chose relativement au point qui nous occupe. Dans des chiffres pareils, en effet, sont comprises la valeur des terres — que nous devons laisser de côté ici, puisque c’est du capital social, comme on peut le comprendre, que nous nous occupons — celle des rentes sur l’État, et d’autres éléments qui n’ont rien à faire avec le capital productif.

b) Plus instructives, à coup sûr, sont les statistiques des revenus, quand elles distinguent des catégories multiples de revenus. Giffen s’est appuyé sur des statistiques de ce genre pour estimer qu’en 1885 le capital d’exploitation des fermiers, dans le Royaume-Uni, s’élevait à 521 millions de £, celui des établissements métallurgiques à 9 millions, celui des usines à gaz à 125 millions, que 12 millions étaient engagés dans l’industrie de la pêche, 931 dans les chemins de fer du royaume, etc. Le capital d’exploitation des fermes aurait monté de 8 % de 1865 à 1875, et baissé de 21,9 % de 1875 à 1885 ; pour les établissements métallurgiques, il y aurait eu dans ces mêmes périodes une hausse de 314 %, puis une baisse de 69 % ; pour les usines à gaz, il y aurait eu une hausse de 43 % suivie d’une hausse de 138 % ; pour les chemins de fer, les hausses successives auraient été de 58 % et de 42 %, etc.

c) Enfin on a essayé parfois de procéder à une estimation détaillée de la richesse totale de tel ou tel pays. Une statistique officielle donne pour les États-Unis les chiffres suivants, qui se rapportent à l’année 1904[2] :

  1. Ces chiffres, établis par Giffen, sont cités par Mayo-Smith. De même pour ceux qui vont suivre. Voir Statistics and economics, liv. I, chap. 5, pp. 177-181.
  2. Cf. Wealth, debt and taxation, 1re partie, p. 27.