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3o Ajoutons tout de suite que dans l’expérience, à considérer l’ensemble de l’économie, la terre nous apparaît comme un élément relativement fixe. La quantité de terre dont une nation dispose, celle même dont dispose l’humanité varie moins vite que la quantité de capital ou de travail qu’elle est à même de dépenser. En conséquence, ce qu’on remarquera le plus dans l’évolution économique, au point de vue de l’agencement des facteurs de la production, ce sont ces phénomènes qui résultent de l’application à la terre d’une quantité de capital et de travail moins grande, ou — comme il arrive dans notre époque — plus grande proportionnellement.

4o Enfin, si l’on n’a pas aperçu toute la généralité de la loi des rendements décroissants, cela tient en partie à certaines confusions où l’on est tombé, et qu’il nous faut maintenant dénoncer.


2. La loi dite des rendements décroissants ; confusions auxquelles elle a donné lieu.


108. Première confusion. — Parlant des rendements décroissants de l’agriculture, les économistes y ont opposé souvent les rendements croissants de l’industrie. Ceux qui l’ont fait ont confondu généralement deux questions qui sont très distinctes : la question de savoir, un moyen productif d’une certaine grandeur étant donné, dans quelle proportion il faut combiner avec ce moyen productif les moyens productifs d’autres sortes qui doivent concourir avec lui à la production, si l’on veut avoir le maximum de rendement, et la question de savoir quelle grandeur les moyens productifs de chaque sorte doivent avoir pour donner le rendement le plus fort, étant supposé qu’on y applique la proportion la meilleure des moyens productifs différents qu’il faut combiner avec eux. Expliquons par un exemple cette dernière question, et montrons comment elle se résout.

Soit une terre d’un hectare ; le maximum de rendement sera atteint, nous supposons, si on dépense 1.000 francs pour la cultiver : le rendement net, dans ce cas, sera de 500 francs. Prenons en deuxième lieu une terre de 5 hectares ; pour avoir le maximum de rendement net, ce n’est pas 5.000 francs qu’il faudra dépenser en frais de culture, c’est, par exemple, 4.000 francs ; et le rendement net, avec cette dépense, sera de 7.500 francs. Sur une terre, maintenant, de 10 hectares, le rendement net le plus fort sera de 15.000 francs, et il faudra pour l’obtenir dépenser 12.000 francs. Comparant ces trois cas, on voit que selon qu’on aura une terre de 1 hectare, de 5 hectares ou de 10, on pourra avoir un rendement net qui représentera les frais d’exploitation multipliés par 0,5, par 1,875 ou par 1,25.

Ainsi, si l’on prend des terres de plus en plus grandes, ces terres, cultivées au mieux, donneront des rendements qui, relativement aux dépenses