Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrai tout aussi bien des autres moyens productifs, quels qu’ils soient.

Soit un industriel qui a construit une usine. Les bâtiments, les machines, l’outillage, lui ont coûté une certaine somme, mettons 100.000 fr. Si pour faire fonctionner son usine notre industriel prétend n’employer que 10 ouvriers, il obtiendra à la fin de l’année un certain produit, qui sera minime. S’il emploie 100 ouvriers, il obtiendra un produit qui sera au précédent, non pas comme 10 à 1, mais peut-être comme 20 à 1. Il est facile de voir en effet que dans une usine, avant toute chose, il faut un certain nombre d’hommes pour entretenir les machines, pour les faire marcher, etc., et que ce nombre ne sera pas proportionnel à celui des ouvriers qui travailleront à l’élaboration des matières, par exemple. Mais augmentant la quantité de la main-d’œuvre, un moment viendra où la productivité des sommes tout d’abord dépensées décroîtra, et ce moment dépassé, la chute de la courbe ne tardera pas à se précipiter. Inversement, si l’on décidait d’occuper un nombre déterminé d’ouvriers, alors, ordonnant dans l’ordre croissant les sommes que l’on pourrait dépenser en bâtiments, machines, etc., et d’une façon générale les capitaux que ces ouvriers auraient à mettre en œuvre, on verrait la productivité du travail augmenter d’abord, puis diminuer.

On a fait remarquer, encore, que la loi des rendements décroissants se vérifie, pour la terre, non point seulement quand on considère les entreprises agricoles, mais également quand on considère les autres sortes d’entreprises. Un industriel a une terre de 2 hectares. Il dépense 500.000 francs pour y construire une usine. S’il veut, afin d’augmenter sa production, dépenser 300.000 francs de plus pour son usine, au lieu de faire cette dépense supplémentaire sur le même terrain, il pourra lui être avantageux de la faire sur un terrain contigu, d’élargir son usine. Celui qui construit des maisons de rapport, de même, donne à ses maisons une certaine hauteur, les construit d’une manière plus ou moins luxueuse ; mais s’il vaut mieux pour lui dépenser 500 francs par mètre carré que 250 francs, 1.000 francs que 500 francs, 2.000 francs que 1.000 francs, un moment arrivera cependant où, augmentant ainsi les frais de construction, le rendement relatif commencera à diminuer ; et alors l’intérêt de notre capitaliste sera d’employer son surcroît de capital à construire d’autres maisons à côté des premières.

Mais pour établir l’universalité de la loi des rendements décroissants, nous ne saurions mieux faire que de retourner, en quelque sorte, les exemples dont on se sert pour établir celle loi, quand on s’occupe de la production agricole.

Un cultivateur qui a une terre de 10 hectares, disions-nous, obtiendra le rendement le plus fort possible s’il dépense 20.000 francs pour la culture de cette terre ; s’il dispose encore de 10.000 francs, il lui conviendra