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une dépense telle, que le rapport des produits additionnels aux frais additionnels sera inférieur à l’unité.

Distinguant les doses de capital et de travail qui sont successivement appliquées à la terre, il y aura une dose marginale. On définit communément cette dose marginale en disant que c’est la dose qui se retrouve tout juste dans le produit. Mais si l’on considère ces irrégularités de la courbe de la productivité dont il vient d’être parlé, on s’aperçoit qu’il peut y avoir, à différents endroits de la courbe, plusieurs doses répondant à la définition précédente. Parmi ces doses, alors, celle-là sera la dose marginale au-delà de laquelle il n’y aura plus aucune dépense supplémentaire qui doive se retrouver dans le produit.

On aura soin de bien comprendre en quel sens il est parlé ici de doses de travail et de capital qui sont appliquées successivement à la terre. Comme il résulte déjà d’une indication qui a été donnée plus haut, il ne s’agit pas d’une succession dans le temps, en telle sorte que la première dose serait représentée, par exemple, par les labours préparatoires, que les semailles représenteraient une dose ultérieure, etc. L’ordre dans lequel nous rangeons les dépenses de production est déterminé par l’utilité plus ou moins grande que le cultivateur trouve à les faire. Si notre cultivateur, ayant 1 hectare de terre à cultiver, dispose pour sa culture de 100 francs, il aura avantage à les employer d’une certaine façon ; s’il a 100 francs de plus, c’est à telle opération nouvelle qu’il emploiera ce supplément ; et ainsi de suite. Et l’on ne doit pas s’étonner qu’une opération que nous disons moins utile accroisse plus le produit qu’une opération plus utile : la chose tient à ce que nous avons fait remarquer déjà, à savoir que les opérations de la production s’enchaînent, et que souvent une opération n’accroît le produit comme elle fait que parce qu’elle a été précédée de telles et telles autres.

Où s’arrêtera-t-on dans l’application du travail et du capital à la terre ? Non pas au moment où leur productivité commencera à diminuer, mais au moment où l’on arrivera à la dose marginale. L’application du travail et du capital, en effet, devra être poussée aussi loin qu’elle sera rémunératrice. Peu importe que les dernières doses donnent moins que des doses antérieures, du moment qu’elles sont plus que payées par le produit qu’elles donnent. Et à ce propos il convient de signaler une faute que les fermiers commettent assez souvent. Si l’on réfléchit que le loyer des terres, normalement, se proportionne à ce qu’une culture bien conduite peut tirer de ces terres, on se convaincra, par un raisonnement qu’il est inutile de développer, que le plus avantageux pour nos fermiers serait de louer cette surface de terre où ils pourraient, avec les moyens dont ils disposent, étendre leurs dépenses en travail et en capital jusqu’à la dose marginale. Mais il leur arrive d’en prendre davantage. La passion de la