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récolte de blé sur une terre déterminée, on pourra dépenser plus ou moins de main-d’œuvre, on pourra dépenser plus ou moins de capital — le capital, ici, consistant en semences, engrais, outils, etc., et aussi en une partie de la main-d’œuvre, en tant qu’il faut dépenser cette partie 8 mois, ou 6 mois, ou 4 mois avant la récolte —.

L’attention des économistes s’est portée sur ce fait. Mais les théories qu’ils ont bâties sont viciées souvent par des erreurs ou par des confusions contre lesquelles il faut se mettre en garde. Ils ont parlé, très souvent, d’une loi des rendements décroissants qui serait particulière à la production agricole. Nous proposant de débrouiller la question, nous commencerons par exposer les observations qui ont été faites au sujet de cette production.

105. Son application à l’agriculture. — Quand, sur une terre d’une superficie donnée, on entreprend une culture, le produit qu’on obtiendra variera selon la quantité de main-d’œuvre et de capital qu’on aura dépensée, mais il ne variera pas proportionnellement à cette quantité. Relativement aux frais que l’on aura faits, il ira d’abord en croissant, puis en décroissant. Si sur un hectare de terre par exemple, voulant cultiver du blé, on prétend ne dépenser que le travail des semailles et celui de la moisson, on aura une récolte à peu près nulle. L’exécution de certaines opérations — labourage, hersage, etc. —, doublant, nous supposons, les frais de culture, multipliera la récolte peut-être par 30. Une fumure modérée ajouterait aux dépenses précédentes une dépense égale à chacune d’elles, et porterait la récolte de 30 unités à 50. Mais une quatrième dose de travail et de capital n’ajouterait à ces 50 unités que 10 unités nouvelles, qui représenteraient tout juste ce qu’elles auraient coûté à obtenir. Et une cinquième dose ne grossirait plus la récolte que de 5 unités, causant une perte au cultivateur.

Dans l’illustration arithmétique que nous venons de donner, le rendement de la terre, rapporté aux dépenses de culture, croît d’abord avec celles-ci de plus en plus, puis décroît de plus en plus. On peut avoir aussi bien une courbe qui monte, puis descende, puis remonte pour redescendre encore. Quand on aura dépensé un certain nombre de doses de capital et de travail, il se peut qu’une dose supplémentaire n’ajoute que 5 unités au produit, et que l’application de deux doses augmente ce produit de 25 unités. Dans certaines cultures, une irrigation pour laquelle on dépensera une certaine somme ne fera que peu de bien aux plantes ; une deuxième irrigation, qui entraînera des frais égaux, pourra leur être extrêmement profitable ; mais elle ne leur sera si profitable que parce qu’elle viendra après la première. Ces irrégularités possibles, au reste, ne changent pas la forme générale de notre courbe : toujours celle-ci commencera par monter, et finira par descendre ; il y aura toujours