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En Angleterre, il y avait en 1901 un peu plus de 4 millions de femmes travaillant, contre un peu plus de 10 millions d’hommes. Aux États-Unis, on 1900, les chiffres correspondants étaient 5,3 et 28,2 millions. La proportion des femmes parmi les individus occupés à des travaux lucratifs se serait élevée de 4,7 % à 15,2 % entre 1870 et 1880, de 15,2 % à 17,2 % entre 1880 et 1890, et de 17,2 % à 18,2 % entre 1890 et 1900[1].

Nous venons de parler des variations quantitatives du travail. Ajoutons que pour le travail comme pour la terre ce n’est pas la quantité seulement qu’il faut considérer. Tout autant que le degré de fertilité des terres, le degré de vigueur et le degré d’habileté des travailleurs contribuent à faire la production plus ou moins abondante. La propagation de vices comme l’alcoolisme aura ici une importance très grande ; et très grandes aussi seront — dans un sens contraire — les conséquences d’une diffusion plus large de l’instruction.

3° Le capital social augmente par l’épargne. Ceci résulte immédiatement de la définition même que nous avons donnée du capital. Il est évident, au reste, que si l’épargne affecte de certains biens à des emplois capitalistiques, si elle crée le capital en tant que tel, elle ne crée pas les biens qui constitueront ce capital.

Nous nous réservons d’étudier plus tard les causes qui font que la capitalisation est plus ou moins abondante. Dès à présent cependant nous pouvons noter que la capitalisation, toutes choses égales d’ailleurs, sera d’autant plus abondante que la production sera plus abondante elle-même. Dans une économie parvenue à un haut degré de développement, l’accroissement du capital pourra être rapide. C’est ainsi que l’épargne annuelle de la France est estimée à quelque 2 milliards, soit un douzième environ de la production.

103. Hypothèse d’un savoir progressif. — Nous avons supposé dans ce qui précède que le savoir des hommes demeurait le même. Mais ce savoir peut s’accroître, et il s’accroît en effet. Il convient de distinguer, ici,

  1. En Angleterre et aux États-Unis, on n’inscrit point parmi les individus occupés à des travaux lucratifs ceux qui travaillent comme aides du chef de famille : le nombre des femmes comptées comme travaillant s’en trouve diminué.
    Notons que lorsqu’on dénombre les femmes — comme aussi bien les hommes — occupées à des travaux lucratifs, on ne distingue pas entre les adultes et celles qui ne le sont pas. Les statistiques que l’on vient de voir comprennent donc ces enfants et ces jeunes gens auxquelles se rapportaient les statistiques de tantôt.
    Les chiffres que nous donnons au sujet du travail des femmes sont empruntés à Gonnard, La femme dans l’industrie, Paris, Colin, 1906 (v. le chap. 2), à Pierstorff, Handwörterbuch der Staatswissenschaften, t. III, art. Frauenarbeit und Frauenfrage, 2), et à Philippovich (Grundriss, 1er vol., § 23, 3.
    Voir encore, sur l’emploiement des enfants et des femmes dans l’industrie, Mayo-Smith, Statistics and économics, chap. 3, pp. 75-86.