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toires déserts aujourd’hui. Elles diminuent, d’autre part, par l’épuisement lent des mines et des carrières que l’on exploite. Car pour ce qui est des déplacements des côtes, il y a semble-t-il compensation, à peu de chose près, entre ceux qui accroissent la superficie des terres et ceux qui la diminuent.

Quant à la fertilité des terres, elle est modifiée sans doute par ces changements qui se produisent d’une manière continue dans les climats des différentes régions du globe ; mais il est impossible de déterminer si ces changements, au total, tendent à faire l’humanité plus riche ou moins riche. On pourra, toutefois, assimiler à un accroissement de la fertilité des terres — bien que cette assimilation ait quelque chose d’un peu arbitraire, et que le phénomène dont nous voulons parler ici puisse être placé également en tel autre endroit du tableau que nous essayons de dresser — cette augmentation du rendement des terres qui se produit quand des races économiquement arriérées sont supplantées, au point de vue de la propriété du sol, par des hommes appartenant à des races plus avancées. On a estimé que la densité de la population, chez les peuples vivant exclusivement de chasse et de pèche sur des terres pauvres, allait de 0,0017 à 0,0088 habitant par kilomètre carré, tandis que cette densité se tient entre 1,77 et 5,13 habitants au kilomètre carré dans les pays où l’on pratique une agriculture primitive, avec un peu d’industrie et de commerce, qu’elle est de 70 habitants au kilomètre carré dans les contrées purement agricoles du sud de l’Europe, et qu’elle s’élève à 177 habitants par kilomètre carré dans les contrées agricoles des tropiques[1]. De pareils chiffres donnent une idée des conséquences que la colonisation peut avoir, dans ces cas que nous indiquions, au point de vue de l’utilisation des terres.

2° Pour ce qui est du travail, la quantité — au sens étroit du mot — que l’humanité peut en dépenser varie, peut-on dire si l’on veut s’en tenir à une approximation, avec le nombre des hommes. Mais ce n’est là qu’une approximation assez large. Pour serrer la réalité de plus près, il faut consulter les dénombrements qui peuvent être faits des êtres humains qui remplissent des fonctions productives[2]. Ou bien encore on peut apporter à cette indication que donnent les recensements de la population des corrections multiples : il faut corriger cette indication en tenant compte, par

  1. Ces chiffres, établis par Ratzel, sont reproduits chez Schmoller et chez Philippovich ; v. le Grundriss de Schmoller, § 75, trad. fr., t. I, et celui de Philippovich, 1° vol., § 24, 4.
  2. Il existe de tels dénombrements, et nous aurons à les utiliser. Ils nous apprennent par exemple qu’en Italie 55 % des habitants exercent une profession, tandis qu’en Suisse et aux États-Unis la proportion ne serait que de 34,7 % (cf. Graziani, Utiluzioni di economia politica, liv. II, chap. 2, p. 104) ; cette différence si grande viendrait de ce qu’en Italie il y a beaucoup d’enfants qui travaillent.