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ces bateaux qui ont des machines de 30.000 chevaux ; comme le cheval-vapeur fait le travail d’à peu près 20 hommes, chacun de ces bateaux porte en lui l’équivalent de quelque 600.000 rameurs ; on peut d’ailleurs remarquer que dans un navire le nombre des rameurs ne saurait être accru indéfiniment, et que la vitesse imprimée au mouvement du navire par la manœuvre des rames est très limitée. Le même auteur cite encore certain journal dont chaque numéro contient la matière d’un volume, en sorte que pour copier à la main les 100.000 exemplaires quotidiens dans les 6 heures que les machines mettent à les imprimer, il faudrait deux millions de copistes. Dans le tissage du coton, le travail à la machine de mande, selon les diverses opérations, de 9 à 4.140 fois moins de temps que le travail à la main ; au total, le rapport entre le temps qu’exige le travail à la machine et celui qu’exige le travail à la main peut varier, selon que les circonstances sont plus ou moins favorables à l’un et à l’autre, de 1:79 à 1:246 (2).

On peut se proposer de rechercher comment de tels résultats sont obtenus, d’où vient, d’une manière générale, la supériorité de la machine sur la main -d’œuvre. Ce qui a été dit plus haut de la domestication des forces naturelles par les machines constitue une réponse partielle à cette question. Les machines produisent souvent des forces que l’homme ne saurait fournir ; et elles donnent ainsi des effets que la main-d’œuvre serait incapable d’obtenir directement. Quand elles exécutent des travaux purement mécaniques, que la main-d’œuvre, par conséquent, peut exécuter elle aussi, elles atteignent, grâce à l’utilisation qu’elles font des forces de la nature, une puissance énorme. Mais ce n’est pas tout. La machine, là où la main-d’œuvre peut lui faire concurrence, ne se contente pas de travailler plus que l’homme ; elle travaille mieux aussi, du moins dans beaucoup de cas. Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles il en est ainsi.

1° La machine peut accomplir certaines opérations avec une vitesse supérieure à celle que la main-d’œuvre donnerait : et la vitesse est souvent une condition de la bonne exécution des opérations.

2° La machine fonctionne avec une régularité et une précision à peu près parfaites. Et les avantages de cette régularité, de cette précision, sont multiples. Il en est de directs que l’on concevra sans peine. En outre, la régularité et la précision du travail permettent, quand il s’agit de fabriquer

(1) Le cheval-vapeur fournit un travail de 75 kilogrammètres : c’est 8 fois environ ce que peut faire un homme. Mais il faut tenir compte de ce que la machine travaille, si l’on veut, 24 heures par jour, tandis que l’homme travaille une dizaine d’heures seulement.

(2) Sur les économies réalisées grâce aux machines, voir dans les Principles of economics de Sehgman (New-York, Longmans, 2e éd., 1906) le tableau mis en regard du § 127.