Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aussi bien, sinon mieux, voir en lui un instrument : car le principe dont il représente la réalisation est un principe très simple, et qui se fait comprendre immédiatement de tout le monde. L’usage, d’ailleurs, de notre langue se refuse à ce qu’on l’appelle autrement que du nom d’instrument.

On sait, maintenant, qu’il y a des machines-outils. Elles ont été très heureusement nommées. Ce sont des machines, en effet, puisqu’elles déploient une force qui ne leur est pas fournie par l’ouvrier, et qu’elles ont des dispositifs ingénieux et compliqués. Et ce sont des outils en même temps, non point parce qu’elles exécutent des travaux que l’on peut faire avec des outils proprement dits — la scie mécanique remplace un outil et n’est aucunement un outil —, mais parce que c’est l’ouvrier qui les dirige, et que cette direction qu’il leur donne est ici quelque chose d’essentiel.

98. Leur utilité. — Pourquoi les machines sont-elles utiles dans la production ? C’est souvent parce qu’elles permettent de tirer un meilleur parti de certaines forces, ou encore parce qu’elles permettent de faire exécuter à ces forces des travaux qu’elles n’exécuteraient pas autrement. Un ouvrier, avec un métier à main, peut filer beaucoup plus de laine qu’une femme ne peut faire avec un rouet : il y a ici une meilleure utilisation de la force humaine. S’il s’agit d’un métier mû par une autre machine — une machine à vapeur —, on verra la force que cette deuxième machine fournit exécuter des tâches que sans le métier elle ne pourrait aucunement exécuter.

Souvent aussi, cependant, les machines ont pour rôle tout d’abord de capter des forces naturelles qui seront ensuite employées — soit par ces mêmes machines, soit par d’autres — pour tels ou tels travaux productifs. Il y a des machines qui captent la force des eaux courantes et des cascades, soit en lui conservant sa nature primitive, soit en la transformant en énergie électrique. D’autres captent la force des vents. Les machines à vapeur retiennent et emploient la force d’expansion de la vapeur que dégage l’eau en ébullition. Certaines machines utilisent, d’une manière analogue, la force d’expansion des gaz que produisent certaines combinaisons chimiques : ce sont les moteurs à pétrole et à alcool. Il y en a qui mettent à notre disposition l’énergie électrique qui est diffuse dans tout l’univers. Et il est à prévoir qu’à ces machines, dont certaines sont d’invention toute récente, d’autres du même genre viendront s’ajouter. On réussira sans doute à tirer profit, quelque jour, de cette quantité formidable de force que représentent les mouvements des marées et l’agitation des vagues. La chaleur solaire sera captée, elle aussi. Et ce ne sont pas là, dans l’ordre d’idées qui nous occupe, les seuls progrès qu’on puisse rêver.

Est-il besoin de montrer à quel point l’invention des machines a amélioré la technique productive, et combien de choses elle nous permet de faire qui eussent paru prodigieuses à nos ancêtres ? Gide cite l’exemple de