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roulement. Imaginons encore que les rentrées et les dépenses, étant discontinues, soient toujours simultanées, les rentrées étant toujours égales ou supérieures aux dépenses — ; imaginons un industriel qui à chaque fin de mois ait 12.000 francs à toucher et 10.000 francs à payer : il n’aura pas besoin de fonds de roulement ; mais à chaque fin de mois il retirera de son entreprise 2.000 francs, qui représenteront l’intérêt de son capital de premier établissement, plus peut-être un gain supplémentaire.

Ainsi donc, ce qui rend nécessaire la constitution d’un fonds de roulement, c’est que les rentrées de l’exploitation et les dépenses ne se correspondent pas exactement. Et le fonds de roulement devra être d’autant plus important que l’on sera plus éloigné de cette correspondance exacte, soit d’ailleurs que l’on ne puisse prévoir à l’avance quelles seront les rentrées et les dépenses, ni quand elles seront effectuées, soit qu’on puisse le pré voir, mais que ces rentrées et ces dépenses doivent être irrégulières, soit même enfin qu’elles doivent se produire selon un cycle périodique.

Parmi les faits qui empêchent la correspondance exacte des rentrées et des dépenses, il convient de mentionner la nécessité où l’entrepreneur se trouve, de temps en temps, de remplacer certains capitaux fixes. En prévision du moment où il lui faudra s’imposer ces dépenses, l’entrepreneur procède à l’amortissement de ces capitaux fixes. S’il doit au bout de 10 ans être obligé de remplacer une machinerie qui lui a coûté 100.000 fr., il mettra chaque année 10.000 fr. de côté. Toutefois, lorsqu’il s’agit ainsi de dépenses à supporter qui ne se reproduisent que de loin en loin et qui sont exceptionnellement fortes, les sommes qu’on accumule pour y faire face ne sont pas regardées comme faisant partie du fonds de roulement.

Ajoutons que le fonds de roulement est quelque chose d’élastique. Un industriel peut, par exemple, ne laisser que 10.000 fr. dans la caisse de son établissement. Si quelque jour celle somme vient à être insuffisante pour faire face à des dépenses urgentes, il recourra au crédit, ou encore il prélèvera ce qui sera nécessaire sur l’argent qu’il a chez lui pour ses dépenses de consommation, il vendra des valeurs qu’il avait achetées. La détermination exacte du fonds de roulement d’une entreprise est réglée par des considérations de commodité.

95. Capital fixe et capital circulant. — Le capital employé dans une entreprise est en partie fixe et en partie circulant. On appelle capital fixe l’ensemble de ces capitaux qu’on emploie dans les entreprises et qui servent à accomplir une série d’actes de production ; les capitaux circulants au contraire sont ceux qui ne servent qu’une fois. Parmi les capitaux circulants il faut ranger, par exemple, le combustible avec lequel un industriel alimente ses machines ; les matières premières que ses ouvriers ouvragent. Le combustible en effet se détruit quand il brûle ; les matières premières s’incorporent dans le produit que l’on vendra. Les sommes que