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opérations qui précèdent de peu la récolte — un binage, une irrigation, la destruction de tels ou tels parasites — diminuerait par là ses avances ; et il se pourrait très bien cependant qu’il augmentât la durée moyenne de sa production.

2° On ne peut pas, en allongeant la durée de la production, augmenter indéfiniment la quantité du produit que chaque unité de dépense donnera. Nous avons, pour l’établir, un exemple qui apparaîtra tout de suite comme convaincant : c’est celui qui nous est fourni par la technique des exploitations forestières[1]. Un individu plante des arbres d’une certaine essence. Les avances qu’il a à faire, il les fait presque toutes au moment de la plantation : on peut donc être assuré, s’il attend davantage pour commencer ses coupes, qu’il allonge en même temps la durée du processus productif. Eh bien, l’on sait assez qu’à retarder les coupes, si on accroît tout d’abord le rendement en bois de l’exploitation, on ne l’accroît pas indéfiniment : il est un âge qu’on n’a aucun intérêt — au point de vue technique où nous sommes placés ici — à laisser dépasser aux arbres. Que si l’on considère la possibilité de planter, au lieu d’une essence donnée, une autre essence, notre thèse subsiste : cette nature d’arbre dont le produit en bois augmente le plus longtemps avec l’âge ne gagne toujours, sous ce rapport, que pendant un nombre d’années déterminé.

3° Attachons-nous maintenant, non plus à la durée du processus productif, mais à la quantité du capital avancé, puisque, comme on l’a vu tantôt, ce sont là deux choses différentes. Pas plus que par l’allongement de la production, ou ne peut pas, par l’adoption de méthodes productives exigeant des avances plus fortes, accroître indéfiniment la quantité du produit, cette quantité étant rapportée aux dépenses faites. Un pêcheur, en péchant sans capital, c’est-à-dire sans engins, prend chaque jour deux livres de poisson. Il s’avise de construire un engin dont la fabrication lui demande trois journées ; cet engin, lorsqu’il l’emploiera, — nous supposons qu’il ne dure qu’un jour — lui permettra de prendre, en une journée, 11 livres de poisson : ainsi chaque journée de travail que la fabrication de l’engin a coûté aura rapporté , soit 1 livre de poisson. Y a-t-il donc des engins coûtant plus de travail, et donnant plus de produit ? Certainement. Et quelque engin, quelque matériel dépêche que l’on consi

  1. À la vérité, Böhm-Bawerk n’a pas prétendu que son schème s’appliquât à toutes les productions ; il ne lui a attribué qu’une portée très générale. Un exemple contraire ou deux, par conséquent, ne suffisent pas par eux-mêmes pour renverser l’assertion que nous discutons ici, ni non plus celle qui sera discutée sous le numéro 3 dans les exemples que nous donnons, il faut voir la valeur typique que ces exemples possèdent.