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conditions particulières pour (elles opérations nécessaires ou utiles comme l’irrigation du sol, qu’elles donnent des facilités ou créent au contraire des obstacles pour la circulation, etc. Mais il convient d’attirer l’attention, ici encore, sur la question de la situation des terres, c’est-à-dire de leur proximité ou de leur éloignement par rapport aux lieux avec lesquels ceux qui les exploitent entretiennent des relations économiques. On ne manquera pas de voir, au reste, que la proximité ou l’éloignement ne sont pas mesurés par la seule distance, mais aussi par la facilité plus ou moins grande des communications. Un lieu donné sera plus rapproché, économiquement parlant, d’un autre lieu distant de 1.000 kilomètres, mais où conduit un chemin de 1er, par exemple, ou une rivière navigable, que de tel lieu distant seulement de 100 kilomètres, mais où l’on ne peut aller que par des routes.

La situation des terres, comme leur fertilité, donne naissance à une rente dont Thünen a fait la théorie, et sur laquelle nous reviendrons plus tard[1]. Si l’on considère, non pas telles terres isolément, mais un pays, on constatera que la facilité avec laquelle il est possible à ce pays de multiplier les relations entre ses différentes parties, et de multiplier aussi les relations de ces parties avec l’extérieur, influera beaucoup sur sa prospérité. Un sol peu accidenté, des rivières nombreuses, la possibilité de construire à peu de frais des chemins de fer et des canaux, c’est pour un pays une excellente condition de développement économique : les États-Unis, par exemple, doivent en partie leur grande prospérité à leur réseau de fleuves et à leurs grands lacs. Et de tout temps on a bien vu qu’un pays ne pouvait que retirer du profit d’une étendue de côtes considérable.

Dans ce qui précède, nous avons parlé des terres proprement dites. Les eaux, elles, nous sont utiles par la faune et la flore qu’on y trouve — que l’on pense principalement à la pêche —, par la force motrice qu’elles nous fournissent parfois — ainsi quand on utilise la pente des torrents pour faire marcher des moulins ou pour créer de l’énergie électrique —, par les commodités qu’elles nous donnent pour le transport des choses et des gens, enfin par elles-mêmes — quand nous nous en servons pour arroser les cultures, pour alimenter les chaudières des machines à vapeur, pour laver ou pour nous désaltérer —.

  1. Au livre IV, § 346.