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L’étendue des connaissances du travailleur — particulièrement des connaissances techniques — ayant sur l’efficacité du travail l’influence si considérable qu’on vient de voir, on s’étonnera peut-être que cette influence n’ait pas été, bien souvent, assez nettement aperçue. Il y a de cela des raisons multiples. Les connaissances que le travailleur possède ne sont pas quelque chose d’extérieur et de concret, quelque chose qui se mesure. Ces connaissances, d’autre part, le travailleur les utilise dans son travail ; mais pour les utiliser, il ne les perd pas : il n’y a pas là de sa part une dépense au sens propre du mot, comme il y a une dépense d’énergie musculaire. Enfin, à une époque donnée et dans un pays donné, il y a une certaine somme de connaissances que possèdent tous les hommes, ou presque tous, et il y a une certaine somme de connaissances que possèdent tous ceux qui exercent un certain métier. Ces connaissances communes ne se feront pas remarquer. Il va de soi que le maçon sait de certaines choses, et le laboureur, et le forgeron. Les connaissances qu’on leur suppose, d’ailleurs, ne sont pas incorporées — si l’on peut ainsi dire — au seul travail ; on les incorpore aussi à la terre, au capital : parlant de la fertilité d’une terre, estimant sa valeur, on attache à cette terre, en quelque sorte, les connaissances que possèdent les cultivateurs, connaissances qui permettent à ceux-ci d’y faire venir tels ou tels produits ; estimant la valeur d’un capital, de même, on y attache ces connaissances qui existent parmi les hommes et qui permettront d’utiliser le capital en question de telle et telle manières.

73. Les connaissances particulières des travailleurs. — Dans ce qui précède, nous n’avons parlé que des connaissances d’ordre général qui sont nécessaires au travailleur. Il y a aussi des connaissances particulières que celui-ci doit posséder. Celui qui veut exploiter une terre, par exemple, doit savoir la superficie de cette terre, il doit en avoir étudié les conditions climatériques, géologiques, etc. ; il devra aussi connaître les hommes qu’il emploiera. Ceux-ci à leur tour, quelque simple que puisse être la besogne qui leur sera confiée, devront connaître les outils qu’ils auront à manier, les bêtes qu’ils auront à conduire. Et il y a des connaissances plus particulières encore, en un sens, que le travailleur devra acquérir sans cesse : les connaissances relatives aux conditions extérieures toujours changeantes au milieu desquelles le travail, si machinal qu’il puisse être, est exécuté. Mais ce sont là des vérités trop évidentes pour qu’il y faille insister.

3. Les autres conditions subjectives.

74. L’intelligence. — Le savoir est la première, logiquement, des conditions de l’efficacité du travail. La deuxième de ces conditions est l’intelligence. Le mot « intelligence » d’ailleurs, comme on va le voir, ne dé-