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également ce qu’il dit de la facilité avec laquelle une collectivité peut créer à nouveau les biens qu’elle a perdus : l’idée essentielle que Tarde a voulu exprimer s’imposera à nous comme très vraie et très profonde. Mais il faut essayer de voir d’une manière plus précise quel est ce savoir qui rend noire travail efficace.

Ce savoir, c’est le savoir technique. On appelle technique un système de connaissances d’ordre général se rapportant à des méthodes, à des procédés qui nous permettent d’obtenir de certains résultats, de créer de certains biens. On pourra parler, par exemple, d’une technique médicale ; on parlera couramment de la technique agricole ou de la technique industrielle.

71. Les progrès de la technique. — Nous ne saurions songer à retracer toute la suite des développements que la technique a reçus dans le cours de l’histoire de l’humanité[1]. Les premiers progrès vraiment notables furent réalisés quand on apprit à cuire la terre, à fabriquer les métaux, quand on domestiqua les animaux et qu’on se mit à cultiver le sol, quand on construisit des bateaux et des chars. Bien d’autres progrès ont été faits depuis lors. Mais l’énumération en serait trop longue. Et d’ailleurs il nous faudra revenir bientôt sur ce point, quand nous parlerons du rôle du capital dans la production : car les découvertes techniques, à l’ordinaire, ont eu pour effet d’accroître le caractère capitalistique de la production ; et toujours elles ont introduit de nouveaux modes d’emploi du capital.

Comment les inventions techniques apparaissent-elles ? Elles se fondent souvent sur des observations familières, sur des expériences conduites sans méthode. C’est ainsi qu’ont été faites les premières inventions, et dans notre époque encore beaucoup d’inventions sont nées d’un savoir purement empirique. De plus en plus cependant, à mesure qu’on avance dans l’histoire de l’humanité, on voit les progrès de la technique résulter, en dernière analyse tout au moins, de progrès effectués par la science. Le savant se livre à la recherche désintéressée et méthodique des lois qui régissent l’enchaînement des phénomènes ; puis un jour vient où l’on trouve la possibilité de tirer de ses découvertes des applications pratiques. Le développe ment prodigieux de la production qui a eu lieu dans ces 150 dernières années a été le résultat du développement non moins surprenant de la science dans cette même période.

Toutes les sciences, au reste, n’ont pas contribué également à accroître la productivité du travail. Ce sont surtout la mécanique, la physique et la chimie qui ont fait la puissance économique de l’homme. La biologie commence seulement à fournir des indications importantes pour l’économie, notamment en ce qui concerne le traitement de nos maladies, l’alimenta-

  1. Voir là-dessus Schmoller, Grundriss, §§ 76-86 trad. fr., t. I).