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du travail en imposant aux industriels l’observation de certaines règles d’hygiène, etc[1].

Il arrivera, maintenant, que certains éléments du labeur varieront dans un sens ou dans l’autre en raison de certaines conditions tout à fait extérieures au travail. On sait combien le goût des hommes pour le travail, comme on dit, varie d’un pays à l’autre. L’influence du climat, ici, est manifeste. Si l’Africain rechigne au travail plus que l’Européen, ce n’est pas seulement parce qu’il a moins de besoins : cette raison, même, ne vaut plus guère quand l’Africain que l’on considère est un blanc élevé à l’européenne. C’est que le climat chaud de l’Afrique rend le travail plus pénible, fait redouter la fatigue davantage. Et c’est aussi souvent que la privation de loisir est plus douloureuse dans un pays où il fait bon vivre en plein air, et où les spectacles de la nature sont particulièrement beaux.

Est-il utile, encore, d’indiquer que les éléments du labeur varieront avec les individus ? Tel homme, ayant une constitution faible, sentira la fatigue plus vite qu’un autre ; certains souffrent plus que d’autres de la privation de liberté : ce sont là des choses qui sont suffisamment connues.

48. Leur courbe quotidienne. — Demandons-nous si, prenant un individu, il est possible d’établir une courbe des variations des différents éléments du labeur par rapport à telle ou telle période de temps.

On peut, ici, considérer des périodes de temps plus ou moins longues. La monotonie du travail, par exemple, la privation de liberté et de loisir, encore, se font sentir d’une manière plus ou moins lourde selon que le travail dure depuis un nombre de journées plus ou moins grand. C’est pourquoi il y a lieu d’attacher une grande importance à la question des « rongés qui, de loin en loin, interrompront le travail, ou encore à la question du repos hebdomadaire. Mais c’est surtout la journée qu’il convient de considérer : et cela pour la raison que chaque jour ramène la nécessité d’un sommeil d’assez longue durée par lequel il faudra bien que le travail soit interrompu.

Attachons-nous donc à la durée du travail quotidien ; et faisons abstraction, pour plus de simplicité, des repos qui s’intercalent dans ce travail, bien qu’à la vérité la durée de ces repos et leur distribution soit, elle aussi, une chose très importante. Nous constaterons que la plupart des éléments du labeur, et tout au moins ceux d’entre eux qui comptent le plus, ne varient pas proportionnellement à cette durée du travail.

Celui des éléments du labeur qui paraît le plus se proportionner à la durée du travail, c’est celui qui est constitué par les incommodités dont on

  1. On trouvera l’énumération de ces mesures législatives dans le livre de Paul Louis, L’ouvrier devant l’État (Paris, Alcan, 1904) ; consulter le chap. 9, Hygiène et sécurité, et aussi les chap. 10 et 11.