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étendant le concept du bénéfice du consommateur. L’appliquer au cas de biens que nous obtenons gratuitement, en raison par exemple de leur grande abondance — on sait que ce ne sont plus là des biens économiques —, et que nous paierions s’il en était besoin.

L’estimation du bénéfice du consommateur est on ne peut plus aisée. Que l’on se reporte à la figure. Si l’on représente par la ligne UU’la courbe de l’utilité d’un bien, et si OP est le prix, l’individu que l’on considère achètera une quantité OM telle que la distance de M à la courbe UU’si on la mesure sur une ligne parallèle à OX, soit égale à OP. Le rectangle OMNP représentera alors la somme payée, et le bénéfice du consommateur sera représenté par l’espace compris entre les lignes UN, NP et PX.

On remarquera que dans le cas d’un bien de première nécessité, le bénéfice du consommateur devient égal à tout l’avoir de celui-ci. Pour se procurer, en effet, ce qui est indispensable à la vie, on donnerait, si l’on y était absolument contraint, tout ce que l’on possède.

De quoi dépend le bénéfice du consommateur ? Il dépend, évidemment, de la courbe de l’utilité et du prix. Nous ne discuterons pas longuement ces deux données des problèmes. Bornons-nous à deux observations.

1o Le rapport des besoins des différents individus a ici une importance notable. Soit un individu pour qui l’utilité d’un certain bien est beaucoup plus grande qu’elle n’est pour le commun de ses semblables. Si la production de ce bien n’est pas strictement limitée par des conditions naturelles ou autres, un prix s’établira qui correspondra — d’une certaine façon — à l’intensité du besoin de la plupart : et ainsi notre individu aura un bénéfice de consommateur particulièrement élevé.

2o Plus encore que le rapport des besoins, il y a lieu de considérer ici le rapport des fortunes. Un homme riche peut consacrera la satisfaction d’un besoin déterminé des sommes considérablement supérieures à celles qu’un homme pauvre y peut consacrer de son côté : le bénéfice du consommateur est donc beaucoup plus élevé pour celui-là que pour celui-ci.

Si l’on voulait, toutefois, tirer de la remarque précédente des conclusions touchant les avantages que la richesse confère, il faudrait prendre garde — nous ne voulons mentionner pour l’instant que ce point — que les bénéfices qu’un individu réalise comme consommateur ne peuvent pas s’additionner tels quels. D’un individu qui possède des chevaux, on dit que pour avoir le premier de ces chevaux il aurait payé jusqu’à 10.000 francs. Du même individu, on dira qu’il aurait payé jusqu’à 10.000 francs le premier des tableaux qu’il a. Mais il n’en faut pas con-