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dont je suis atteint et qui m’oblige à des soins particuliers augmente mes besoins pour un temps plus ou moins long. Et de tels exemples peuvent être multipliés.

Soit donc un individu qui a lieu de croire que ses besoins dans l’avenir vont aller en croissant. Cet individu aura avantage à mettre en réserve, pour ne les consommer que plus tard, une partie de ses revenus présents. Il a, par exemple, 10.000 francs de revenus annuels, et je suppose, pour simplifier le problème, qu’il n’ait à se soucier que de régler sa dépense de l’année présente et de l’année prochaine. Notre individu va-t-il dépenser cette année-ci la totalité de ses revenus, c’est-à-dire 10.000 francs, pour dépenser l’année prochaine la même somme ? Par là il s’assurerait cette année la satisfaction d’une certaine quantité de besoins, la grandeur du besoin satisfait par la dernière fraction du revenu étant M ; tandis que l’année prochaine, le besoin satisfait par la dernière fraction — égale à celle-là — du revenu aurait une grandeur N, supérieure à M. S’il économise, au contraire, 2.000 francs sur ses revenus de cette année, s’il dépense 8.000 francs cette année et 12.000 francs l’année prochaine, le dernier besoin satisfait cette année aurait une grandeur P et le dernier besoin satisfait l’année prochaine aurait une grandeur égale, P étant à la fois inférieur à N et supérieur à M. Je dis que cette deuxième manière de répartir la consommation des 20.000 francs perçus dans les deux années est préférable à l’autre.

Cette proposition est tellement évidente qu’on pourrait presque se dispenser de la démontrer. Les derniers 100 francs dépensés dans l’année 1904 sont-ils moins utiles que les derniers 100 francs dépensés en 1905 ? on aura avantage à économiser 100 francs en