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prêts à s’employer sans intérêts — s’il en est de tels — ne suffisent pas pour les emplois lucratifs qui leur sont ouverts ; c’est parce qu’une partie tout au moins des capitaux qu’on emploie ne sont employés que grâce aux intérêts qu’ils doivent rapporter.

Ainsi la théorie scientifique de l’intérêt sera nécessairement double. Elle a deux questions à résoudre : pourquoi les capitaux obtiennent-ils des intérêts ? pourquoi les capitaux — du moins une partie d’entre eux — exigent-ils des intérêts ?[1]

Je commencerai par étudier cette deuxième question.




18. Si nous examinons les conditions dans lesquelles les biens peuvent être employés comme capitaux, peuvent devenir capitaux, nous constatons qu’il est des biens qui sont en état de jouer ce rôle sans l’appât de l’intérêt. Pour s’assurer du fait, et pour le comprendre en même temps, il faut considérer les variations qui se produisent, d’un moment à l’autre de la durée, dans les besoins des individus, et aussi dans leurs ressources.


On entend dire souvent que tel individu a plus de besoins qu’un autre, qu’un certain individu a plus de besoins qu’il n’en avait par le passé, ou qu’il n’en aura plus tard. Quel est au juste le sens de ces expressions ? Il importe de l’indiquer tout d’abord, car elles

  1. Cf. Marshall, Principles of economics, t. I (3e éd., Londres et New-York, 1895, pp. 141-142, Carver, The place of abstinence in the theory of interest, Quarterly journal of economics, VIII, oct. 1893). Hawley, dans un article d’ailleurs fort mauvais (The fundamental error of « Kapital und Kapitalzins » , Quarlerly journal of economics, VI, avril 1892, p. 301), dit excellemment : « two questions have to be answered, why interest is paid, and why interest is exacted ».