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procher celle de Marx. À vrai dire, il paraît malaisé tout d’abord de déterminer avec rigueur ce que Marx entend par capital, le vocabulaire de Marx n’ayant pas toute la fixité désirable. Souvent Marx appelle du nom de capitaux ces instruments de production et ces moyens de subsistance que le « capitaliste » possède, ou qu’il acquiert avec son argent. Mais enfin la conception à laquelle il s’arrête d’ordinaire, celle qu’il indique notamment dans ce chapitre de son grand ouvrage où il introduit pour la première fois et où il s’applique à définir le capital, c’est cette conception qui voit dans le capital l’argent, en tant qu’il est employé à acheter des marchandises que l’on revendra avec un bénéfice. « Tout argent qui dans son mouvement décrit [le cercle A — M — A, ou plutôt A — M — A’] se transforme en capital, devient capital et est déjà par destination capital. Non seulement la valeur avancée se conserve dans [cette] circulation ; mais elle y change encore sa grandeur, y ajoute un plus, se fait valoir davantage : c’est ce mouvement qui la transforme en capital »[1]. Or pour Marx le secret de ce mystère que le capital dans la circulation se multiplie sans cesse, ce secret, comme on sait, est dans le contrat par lequel le travailleur vend au capitaliste sa main-d’œuvre : la plus-value dont le capitaliste bénéficie résulte des conditions exceptionnelles dans lesquelles le capitaliste se procure la marchandise travail ; elle provient, en définitive, de cette partie de son capital avec laquelle le capitaliste paie ses ouvriers, du « capital variable ». Des lors, le capital par excellence, n’est-ce pas ce capital variable ? il faut au capitaliste des machines, il lui faut des matières

  1. Le capital, I, chap. 4 (pp. 62 et 63 de la traduction française de J. Roy).