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nus grâce à ces dépenses — on arrive toujours, en définitive, à des biens de jouissance comme résultat des opérations productives —, que ces biens de jouissance sont plus utiles que les biens de jouissance qu’on obtiendrait avec des dépenses identiques, mais immédiatement. Quant au cas des biens durables de jouissance, si c’est un cas analogue, ce n’est pas un cas pareil : ici on a affaire à une jouissance qui demande du temps pour être épuisée, non plus à une production qui demande du temps pour aboutir.

Un autre reproche que j’adresserai à Cassel, au sujet et des biens durables et des capitaux productifs, c’est de ne pas avoir dit explicitement que si ces biens durables, si ces capitaux productifs rapportent des intérêts, c’est parce qu’il y a des biens durables plus utiles que les plus utiles des biens de jouissance non durables qu’on pourrait créer en leur place, c’est parce que les productions capitalistiques donnent — en utilité — plus de produit que les productions non capitalistiques représentant la même dépense, c’est parce que souvent en prolongeant l’attente du produit on augmente la quantité et l’utilité de celui-ci.

Enfin sur la troisième cause qu’il assigne à la demande du capital, Cassel manque tout à fait de précision[1]. Les emprunts pour la consommation sont contractés dans des conditions qui ne sont pas toujours les mêmes, et qu’il conviendrait de distinguer avec soin.

Ce que Cassel dit de l’offre du capital[2] est bien moins satisfaisant encore que ce qu’il a dit de la demande. Il y a des capitaux qui sont offerts et qui pourraient se passer d’intérêts ; Cassel n’en parle pas. On ne trouve pas non plus chez lui l’énumération précise et complète des causes pour lesquelles les capitaux autres que ceux dont je viens de parler exigent des intérêts : et les considérations qu’il développe sur l’importance respective des besoins présents et des besoins futurs[3] ne sauraient en aucune manière tenir lieu de cette énumération qui fait défaut.

Néanmoins pour être équitable je dois reconnaître que les chapitres de Cassel sur la demande et l’offre du capital contiennent bien des remarques judicieuses et même pénétrantes, touchant ce qui fait varier la demande et l’offre du capital, et par suite le taux de l’intérêt[4]. Et de même il y a beaucoup à retenir de ce

  1. Voir pp. 128 et suiv.
  2. Chap. 4.
  3. Pp. 140 et suiv.
  4. Dans le chap. 4, par exemple, on lira avec profit tout ce que dit Cassel sur l’esprit d’économie, comme on pourrait l’appeler, et ses variations ; on lira également avec profit ce que dit Cassel de l’influence du taux de l’intérêt sur les épargnes (ceci aux pp. 145 et suiv.).