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nouveaux emplois s’offrent aux capitaux. Et à ce sujet je note tout d’abord que c’est de façons très diverses que peut se faire l’accroissement du nombre des emplois ouverts aux capitaux dans l’ordre de la productivité ou de la création des biens durables.

En premier lieu, des méthodes nouvelles peuvent

    sée ci-dessus, laquelle est aussi bien la conception commune, et les vues de George ? Pour George, les salaires et l’intérêt doivent monter et baisser en même temps. Mais on ne saurait accepter les arguments par lesquels George prétend démontrer son assertion. Ici, George déclare qu’il faut que la récompense du capital et la récompense d'un travail soient égales — je ne conçois guère cette égalité —, que le capital et le travail obtiennent un résultat également attrayant par rapport à l’effort ou au sacrifice consenti : sans quoi « le travail n’accepterait pas l’emploi du capital, ou le capital ne serait pas mis à la disposition du travail » (Progrès et pauvreté, III, 5, p. 190) ! Ailleurs, George raisonne ainsi : la baisse de l’intérêt doit être proportionnelle à celle des salaires ; sinon « il deviendrait plus profitable de transformer le capital en travail que de l’appliquer autrement » (p. 191) : les salaires doivent baisser proportionnellement à l’intérêt : « autrement l’accroissement du capital serait enrayé » (p. 191) ; or ce capital doit être formé que demande la production, étant donné l’avancement des connaissances, la densité de la population, l’extension et la rapidité des échanges, etc. (pp. 192-193) ! Dégageons-nous de ces raisonnements tendancieux, et faux, et parfois inintelligibles, que voyons-nous ? que la hausse des salaires tend à faire baisser l’intérêt, la baisse des salaires à le faire monter. Il faut dire il est vrai, d’autre part, que la hausse ou la baisse de l’intérêt à son tour fait rechercher ou rend moins lucratif l’emploi de la main-d’œuvre, et qu’ainsi le premier phénomène est limité par ses propres conséquences.
    — Une remarque enfin sur la théorie du « capital constant » et du « capital variable » que l’on trouve chez Marx. Pour Marx (Le capital, liv. I, chap. 25, § 2, pp. 273-296 de la trad, fr. ; voir encore liv. III, chap. 13 et passim), l’accroissement relatif du capital constant, c’est-à-dire de cette partie du capital qui ne sert as à payer de la main-d’œuvre, entraîne une baisse du « profit », Marx se fonde, pour l’affirmer, sur celle conception que le revenu du capital provient exclusivement de l’exploitation du travailleur, que c’est une plus-value engendrée par le travail. Malheureusement cet conception est radicalement fausse. En réalité, on doit admettre que l’augmentation relative du capital constant diminue tout d’abord, et en elle-même, le revenu du capital pour autant qu’elle implique une augmentation relative du capital fixe ; mais cette proposition n’est plus identique à celle de Marx ; et elle se fonde sur une raison tout autre que la raison donnée par Marx à l’appui de sa proposition : elle se fonde sur cette raison que l’augmentation relative du capital fixe représente un allongement de la durée moyenne de la production, un allongement du temps pour lequel les avances capitalistiques sont consenties.