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l’intérêt, par exemple, fait que l’on épargne plus. C’est que les gens ne se préoccupent pas précisément de calculer ce qui est avantageux pour eux-mêmes et pour leurs héritiers — je veux voir dans ceux-ci les continuateurs de nos gens — ; au lieu de chercher à égaliser leur consommation présente avec leur consommation future, ou celle de leurs héritiers[1], ils suivent une de ces règles qu’indique Böhm-Bawerk : ils font le nécessaire pour libérer dans un certain espace de temps leurs biens des dettes qui les chargeaient, ou pour laisser à chacun de leurs enfants un bien d’une certaine importance, ou pour porter leur fortune à un certain chiffre, etc. Et alors qu’arrive-t-il ? que, l’intérêt baissant, le résultat poursuivi exige pour être atteint une épargne plus forte, qu’on fait, en conséquence, le contraire de ce que d’autres font, de ce qui, rationnellement, devrait être fait.


153. 2° Il y aurait une deuxième loi à donner, que voici : l’épargne exige une rémunération d’autant plus faible que les ressources du capitaliste sont plus élevées.

Cette loi se déduit de la loi qui veut que la décroissance de l’utilité aille toujours se ralentissant. On connaît le fait de la décroissance de l’utilité : l’observation montre que d’une manière générale — il ne s’agit pas ici de quelque chose d’absolu — cette décroissance a lieu ainsi que je viens d’indiquer.

  1. Encore une complication qui se présente ici : si on regarde les héritiers comme les parfaits continuateurs de ceux dont ils héritent, il faudra, pour que l’égalité dans la consommation soit établie, que chaque héritier ait, après l’héritage, des revenus égaux aux revenus de celui dont il hérite. Je dis : après l’héritage ; car si en général on tient autant à laisser un bien à ses héritiers qu’on tient à le conserver pour soi-même, si encore on égale le bien-être dont nos héritiers jouiront après notre mort à celui dont nous jouissons nous-mêmes de notre vivant, cependant on n’égale pas le bien-être dont ces héritiers jouissent de notre vivant à notre bien-être propre.